Samedi matin, à la terrasse d’un café toulousain, Dominique Reynié a confirmé et expliqué le choix de ses référents départementaux. Ce rappel apparemment « technique », relatif à une question d’organisation, est en réalité hautement politique. Dominique Reynié admet des tensions au sein de la droite régionale. Il contre-attaque et marque son territoire. Le politologue cultive sa différence. Mais le candidat Reynié devient politique. Il pratique les manoeuvres tactiques et, dans un contexte de kabbale interne, affirme son autorité sur son camp.
Pendant plus d’une heure, au milieu de la presse locale, Dominique Reynié a évoqué son programme (La Cité Savante), son ressenti sur la création de la Grande Région (un Languedoc inquiet et qui a peur d’être oublié) ou la situation budgétaire des collectivités (en parlant d’un possible Krach). Mais la tête de liste aux régionales a débuté sa conférence de presse par une mise au point sur l’actualité de la semaine : l’organisation départementale de sa campagne régionale.
Mardi soir, les instances nationales des « Républicains » investissent les chefs de files départementaux. Le lendemain, mercredi, Dominique Reynié désigne ses référents dans les 13 départements de la Grande Région. La tête de liste régionale reconnaît que cette double désignation peut semer le trouble. Mais il réaffirme l’utilité de ses référents, ceux qu’il a personnellement sélectionné.
Pour Dominique Reynié, « la territorialisation de la campagne est essentielle. Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon est une région aux 1000 visages, celle du viticulteur, de l’aéronautique. Les référents départementaux résultent de l’analyse de l’immensité et de la diversité impressionnantes de la Grande Région ».
Au delà d’un maillage territorial, les référents auront également un rôle opérationnel : « ils sont là pour aider à la production du programme et pour faire entrer le travail des groupes d’oppositions (NDLR : des deux conseils régionaux) dans le programme ». Dominique Reynié précise qu’une équipe sera constituée ultérieurement pour écrire le programme. « Une équipe qui (d’ailleurs) réservera des surprises ». Mais les référents ne vont pas seulement « permettre de repérer les personnes ressources dans les départements ». Ils vont aider à trouver des idées et à formuler des propositions.
Pour Dominique Reynié, aucun doute. Les référents du candidat (qui sont d’ailleurs parfois identiques à ceux de la Commission Nationale d’Investiture des « Républicains ») sont utiles et même indispensables. Dominique Reynié ne jette pas de l’huile sur le feu. Il joue la complémentarité avec les instances partisanes de son nouveau parti. Mais il persiste et signe.
Il est même offensif.
Dominique Reynié a écrit au président de la CNI des « Républicains », Christian Estrosi. Dans un courrier, il a exprimé une exigence : la parité. La parité n’est pas obligatoire au niveau des têtes de listes départementales. Elle est uniquement imposée par la loi au niveau de la composition des listes. Dominique Reynié souhaite qu’au moins 6 femmes (UDI ou LR) obtiennent une tête de liste départementale :
« il n’y a que dans le Rugby à XIII que l’on peut sélectionner 13 hommes ».
Cet attachement à la parité est l’occasion de marquer de son empreinte les listes départementales. Mais aussi de faire entrer des nouveaux visages. Et tout cela en se drapant dans l’image moderne d’un candidat qui ouvre les portes et fait entrer de l’air frais. Habile.
Dominique Reynié endosse progressivement son (nouveau) costume de candidat. Le politologue devient politique. Il intègre les règles de son nouvel univers. Il « tient à assumer son rôle de tête de liste atypique ». Dans le même temps, il prononce des phrases digne d’un vieux briscard des luttes électorales :
« je ne vais pas me mêler de la composition des listes départementales. Mais je dois veiller au respect de certains équilibres ».
L’art et la manière de ménager les uns et les autres, tout en poussant ses avantages.
Dominique Reynié continue à se définir comme « un corps étranger ». Et, en effet, il conserve un style très particulier : une forme de fraicheur dans sa capacité d’écoute, son accès facile et sa capacité à « réfléchir en parlant et à parler en réfléchissant ». Samedi matin, au milieu de la presse toulousaine, il a encore marqué sa différence. Mais il a également montré qu’il est, de plus en plus, un candidat en campagne.
Laurent Dubois