Jean-Luc Mélenchon a recueilli 16% des suffrages en Midi-Pyrénées lors de la Présidentielle de 2012. N’oublions pas que notre conseil régional fut l’un des premiers à la fin des années 90 à accueillir des élus de la LCR devenue NPA. Le Front de Gauche, Parti Communiste en tête, rassemble un nombre d’élus plus qu’honorable dans l’ensemble des collectivités territoriales. Alors effet Grec ou pas, que peut cette autre gauche en vue des prochaines départementales voire plus loin ? La question mérite d’être posée.
Un grand saut dans le vide… Est-ce qu’au fond ce serait cela que de s’écarter des partis de gouvernance traditionnelle ? C’est le choix qu’ont fait les Grecs. Mais leur pays n’était en aucun cas dans une situation semblable au notre. Un citoyen d’Athènes s’exprime ainsi auprès de nos confrères des Inrockuptibles : « Tant qu’ils nous montrent qu’ils luttent pour mener à bien leurs projets, je serai avec eux. Même s’ils échouent. »
Qu’ils tentent, même s’ils échouent
Un autre justifie ainsi son choix pour Syriza : « plus jeune, j’ai tenté le parti communiste. Mais ils sont complètement à la ramasse, s’acharnent sur des questions théoriques. C’est du snobisme pur en réalité. » Chez nous les communistes ont renoncé à gouverner nationalement mais occupent ici des postes de vice-présidents de conseils généraux ou régionaux.
Le Parti de Gauche, lui, n’est pas Syriza et Mélenchon n’est pas Tsipras. Il a d’ailleurs vu les scores de son parti s’éroder sur les derniers scrutins. Alors qui pour incarner une autre gauche, que celle des socialistes ou du PRG, qui puisse être un jour victorieuse et dirigeante ?
Pour ces départementales une « Alternative Citoyenne» a bien vu le jour mais elle balbutie encore, à peine sortie de son cocon. En son sein, plusieurs formations, certaines connues comme Europe Ecologie les Verts ou le Front de Gauche dont le PG, et d’autres moins, comme « Nouvelle Donne ». Syriza regroupait sept partis avant de ne faire qu’un. La comparaison s’arrête là pour l’instant.
Les Divers et les Autres
Ces Départementales verront aussi bon nombre de dissidents socialistes ou radicaux partir en DVG (Divers Gauche), mais Divers ne veut pas forcément dire Autre ? Et dans ces cas-là, les enjeux personnels prennent souvent le pas sur les idées. Et puis l’électeur français a besoin d’une étiquette pour bien identifier un candidat. Le Front national l’a bien compris qui met souvent à la une de ses affiches son logo et son leader national à défaut de ses candidats locaux.
Au beau milieu d’une gauche de plus en plus éclatée, et constellée de partis dont un, dominant, le PS, au bord de l’explosion et miné par les frondes, quel espace pour une nouvelle formation montante ? Pas d’effet domino en vue. Les problématiques sont bien différentes en Espagne, en Italie et en France qu’en Grèce. « De parti de la révolte, Syriza est devenu un parti de la solidarité » nous explique Angélique Kourounis dans les Inrocks. Révolte et solidarité, il semble bien que notre pays manque des deux aujourd’hui.
La prime aux « connus » ?
Les départementales, même si nouvelles formules, ont toujours favorisé les partis monolithiques ou traditionnels. Il n’y a qu’à voir comment un candidat EELV dit avoir été accueilli lors du précédent scrutin par une majorité de gauche au Conseil Général de Haute-Garonne. Quel verdict nous livreront les urnes les 22 et 29 mars ? Face à un mode de scrutin totalement nouveau, peu de chances que les électeurs qui auront répondu présents se hasardent sur des chemins de traverse. L’autre gauche devra sûrement encore attendre pour avoir la main.
Patrick Noviello