Préfecture du Tarn. Lundi 27 octobre. Le rapport sur le barrage de Sivens va être présenté demain à 15 heures 30. Il est très attendu. Le 8 septembre dernier, la ministre de l’Ecologie, Ségolène Royale a nommé deux experts pour évaluer le projet. En accord avec le conseil général du Tarn, un ingénieur des eaux et forêts et un inspecteur général de l’environnement sont désignés. Les experts doivent, selon l’expression de Ségolène Royal, « favoriser le dialogue et vérifier les garanties d’une gestion durable de la ressource en eau ».
Après des semaines d’auditions et d’études, le rapport des experts est arrivé sur le bureau de la ministre. Il n’a pas de caractère public.
Le document aurait pu rester dans les tuyaux gouvernementaux. Ségolène Royal a décidé une formule médiane : pas de conférence de presse ou de publication. Mais une restitution, à huis clos, aux acteurs du dossier.
D’après nos informations, la conclusion du rapport est « favorable » à la poursuite du projet. Les experts estiment qu’il peut continuer. Mais Ils mettent en avant des raisons pratiques. Les sommes engagées et les travaux déjà réalisés rendent difficile un arrêt.
En revanche, les experts soulèvent des points négatifs :
–Le surdimensionnement du projet. Le barrage (une digue de 315 mètres le long et 13 mètres de haut) doit permettre de stocker 1,5 millions de m3 d’eau. Il nécessite le déboisement des 13 hectares de la zone humide du Testet. Au total, ce sont plus de 40 hectares qui sont concernés. Les experts estiment que le volume de stockage (1,5 millions de m3) est 1,5 fois supérieur au besoin réel d’irrigation.
–Une surestimation du nombre d’exploitations bénéficiant du barrage. Une guerre des chiffres oppose les pros et les anti-barrages. Pour les uns, le barrage doit permettre l’irrigation de 80 exploitations. Pour d’autres seules 20 exploitations bénéficieraient du barrage. Les experts estiment que le chiffrage du maitre d’ouvrage est surestimé.
–Des questions sur le financement. Le projet coute 8,49 millions d’euros. Le budget de fonctionnement s’élève à 300 000 euros par an. L’Agence de l’Eau Adour-Garonne, le conseil général du Tarn, la Région Midi-Pyrénées et des fonds européens doivent financer. Les experts relèvent le fait que le tour de table financier n’est pas bouclé. Ils s’interrogent notamment sur les financements européens (Feader).
Toutes ces observations et la conclusion des experts n’ont pas un caractère « obligatoire ». Le rapport ne clôt pas le dossier. Il fournit uniquement des éléments de décision à Ségolène Royal. Et des arguments aux protagonistes. Le conseil général va évidemment s’appuyer sur la conclusion (le projet peut continuer). Les anti-barrages vont surtout retenir les réserves émises (surdimensionnement, financement non assuré). La bataille de Sivens est loin d’être finie.
Laurent Dubois
Correctif : Ce texte a été rédigé et mis en ligne le dimanche 26 octobre à 11 heures. A ce moment, seule une réunion de restitution était prévue. Elle devait se tenir à la Préfecture du Tarn à 15 heures 30. Le déroulement était le suivant : 1 heure de restitution et 1 heure de questions/réponses. L’accès à cette réunion devait se faire uniquement sur invitation. La presse n’était pas invitée. Lundi 27 octobre, vers 9 heures 40, une conférence de presse (14 heures à la Préfecture) a été organisée. La veille, dimanche dans la nuit, le rapport des experts a été mis en ligne sur le site de la Préfecture du Tarn. Cette mise à disposition du public n’était pas initialement prévue.