15 Oct

Jean-Michel Baylet affaibli par son coup de force

Fumée blanche ? Fumerolle noire ? Vendredi soir les radicaux de gauche sont en concile. Réunis en comité directeur, ils doivent se prononcer sur le maintien de leurs ministres dans le gouvernement Valls. Le conclave débute à 18 heures 30. L’extinction des feux risque de prendre du temps. Les échanges vont être vifs. Jean-Michel Baylet va devoir affronter une contestation interne.

 

Jean-Michel Baylet ©AFP

Jean-Michel Baylet
©AFP

Jean-Michel Baylet formule un véritable ultimatum. Le président du PRG fixe ses conditions à François Hollande. Il demande la signature d’un contrat. La rengaine d’une sortie du gouvernement est loin d’être nouvelle. C’est le quatrième couplet depuis le début du quinquennat. Mais la forme et le contexte sont très particuliers.

Sur la forme, Jean-Michel Baylet dresse un véritable cahier de doléance. Réforme territoriale. Fiscalité. Politique sociale. Il ne s’agit pas, comme dans le passé, de demander le respect d’un accord électoral ou de défendre l’existence des départements. La longueur et la teneur des exigences inquiète d’ailleurs les socialistes. Un responsable départemental du PS l’avoue sans détour. Il parle sous couvert de l’anonymat. Pas question de jeter de l’huile sur le feu ou de donner l’impression de s’inviter dans les affaires d’un allié. Néanmoins, ce proche de la direction nationale du PS, confesse sa perplexité : « la raison veut que Baylet reste au gouvernement. Mais il fixe la barre tellement haut qu’il donne l’impression de fixer des conditions inacceptables ». Cette inflation, cette mise sous tension, est directement liée à un sentiment de trahison.

Un cadre du PRG le dit sans détour : « Jean-Michel Baylet est très blessé par sa défaite aux sénatoriales. Il était confiant et lui qui n’a jamais été battu subit une défaite. Dans son esprit le PS lui a joué un coup de Trafalgar ». Un esprit de revanche et même de vengeance expliquerait donc la (nouvelle) menace d’une sortie du gouvernement. François Hollande a perdu les Verts. Avec le départ des radicaux, il risque de se retrouver avec une majorité socialo-socialiste. Ce n’est pas bon. En politique, comme dans la vie, il faut s’appuyer sur deux jambes pour marcher. En menaçant de retirer ses 3 ministres, Jean-Michel Baylet vise une sujet sensible.

Un sujet sensible. Mais, pas forcément, un sujet « porteur ». Dans une « guerre froide », il faut que l’adversaire soit persuadé d’une chose essentielle : le camp adverse peut appuyer sur le bouton. L’efficacité de la menace est liée à la crédibilité du danger. Or François Hollande et Manuel Valls peuvent se rassurer. Au PS, par principe, le leitmotiv est : « tout est possible ». Mais, du côté du PRG, la conviction est faite : « bien sur nous resterons au gouvernement » avoue un élu radical du Sud Ouest. Une conviction encore une fois exprimée anonymement. Décidément, l’affaire des ministres PRG s’étale au grand jour. Sauf quand il s’agit de creuser un peu.

Mais, malgré tout, le suspens demeure. Pas forcément sur le résultat du Comité Directeur. Mais sur son déroulement. Les rangs du PRG bruissent d’un risque de confrontation violente. Jean-Michel Baylet doit se préparer à une épreuve de force. Le patron du PRG est contesté. Il va trouver en face de lui, Thierry Braillard. Le secrétaire d’Etat aux sports de Manuel Valls l’a dit ouvertement. Il n’imagine pas quitter le gouvernement. Il a le soutien du premier ministre et, d’après nos informations, ses proches sont mobilisés. Ils seront très présents au Comité Directeur. Mais aussi dans le Forum qui doit suivre et qui va durer tout au long du week-end.

Jean-Michel Baylet a perdu la maitrise totale de son parti. Il reste puissant et influent. Mais des mots très durs sont prononcés. Dans les rangs, à l’image d’un élu PRG, on dénonce « l’omniprésence du chef, la cour du chef, l’usure du chef ».

Des mots qui traduisent des maux profonds. Et qui égratignent un dogme : « Baylet, c’est le PRG et le PRG c’est Baylet ». Il peut toujours compter sur la fidélité de Sylvia Pinel (dont il souhaiterait faire la future présidente du parti). Mais Jean-Michel Baylet doit affronter une résistance interne.

Le comité directeur de vendredi va coûter des cicatrices à Jean-Michel Baylet. Son coup de force, après l’échec des sénatoriales, est censé lui redonner de la vigueur. En fait, il risque de l’affaiblir davantage.

Laurent Dubois