Une grève de la faim qui dure depuis plus d’un mois. Des échauffourées quasiment quotidiennes. Et, pour ce week-end, la rumeur d’une expédition des « pro-barrages ». Le projet de Sivens, c’est la chronique d’une crise violente. Une crise sans l’espoir d’une sortie. Guillaume Cros désigne le coupable de ce blocage : le président du Conseil du Tarn. Pour l’élu écologiste, Thierry Carcenac peut arrêter la spirale. Il lui suffit de décréter un moratoire des travaux et de lancer de nouvelles études. Face à un mur, Guillaume Cros met tout ses espoirs dans une brèche. Ségolène Royal doit se pronnoncer Elle a commandé un rapport à des experts. Les conclusions tomberont la semaine prochaine. Elles marqueront une étape décisive. Mais pas définitive. En cas d’avis favorable, les « anti-barrages » sont prêts à continuer le combat.
Midi-Pyrénées Politiques – Des jours et des semaines d’opérations coup de poing et d’occupation du site de Sivens. La contestation ne désarme pas. Vous croyez une sortie de crise possible ?
Guillaume Cros. « Malheureusement, je ne vois pas de sortie de crise proche. C’est du au fait que Thierry Carcenac (président du Conseil Général et promoteur du projet de barrage) ne veut bouger sur rien. Il a eu la possibilité de donner des signes. Mais non seulement il n’en donne pas. Mais en plus il passe en force. Ainsi la deuxième phase des travaux devaient commencer uniquement la semaine prochaine et ils ont débuté cette semaine. C’est de la précipitation. Cette attitude va avoir des conséquences sur le plan politique. Notamment au niveau de la préparation des élections cantonnales « .
Midi-Pyrénées Politiques – D’après vous, qu’est-ce qui explique la détermination de Thierry Carcenac ?
Guillaume Cros. « Avant les sénatoriales, on pouvait se dire qu’il est ferme pour capter des électeurs. Cela n’a pas fonctionné. Au contraire, son très faible score est lié à son comportement sur le dossier. Le conflit dure, avec des violences deux côtés. D’ailleurs les violences policières sont inadmissibles et disproportionnnées, pas au même niveau que les autres. Même si je les condamne toutes. La fermeté de Carcenac reste pour moi incompréhensible. Il dit qu’il faut aller vite pour des raisons de financement européen. Mais rien ne prouve que le barrage sera financé par l’Europe. Le pire est je suis persuadé que Carcenac ne pense pas que le projet est fabuleux et formidable ».
Midi-Pyrénées Politiques – Ségolène Royal a nommé des experts. Pensez vous que leur rapport puisse permettre une sortie de crise ?
Guillaume Cros. « Ce rapport n’a pas vocation à être rendu public. Il doit juste servir à éclairer la ministre. Si Ségolène Royale dit que le projet de barrage est totalement contraire à la politique de l’eau et de l’irrigation du ministère, cela devrait marquer un coup d’arrêt. Mais je ne sais pas quel est le pouvoir de Ségolène Royale sur le dossier. On soupçonne Matignon de faire pression pour que le barrage se fasse. Ils ont lâché à Notre-Dame-des-Landes ce que nous demandons : attendre que tous les recours soient jugés. Ils ne veulent pas créer de jurisprudence avec le barrage de Sivens ».
Midi-Pyrénées Politiques – Vous avez été consulté par les experts. Avez-vous une idée sur ce que pourrait dire le rapport ?
Guillaume Cros « D’après ce que nous savons, il pourrait pointer du doigt un sur-dimensionnement du barrage ».
Midi-Pyrénées Politiques- Quelle va être votre attitude si le rapport vous est défavorable ?
Guillaume Cros. »Je ne pense qu’il puisse être défavorable »
Midi-Pyrénées Politiques – Et si, malgré tout, la conclusion ne va pas dans votre sens ?
Guillaume Cros. « On avisera. Mais le combat continuera parce qu’il a encore des recours judiciaires ».
Propos recueillis par Laurent Dubois