Les sortants sortent. Dans le Tarn, le renouvellement sénatorial est un vrai renouvellement. Les deux sièges à pourvoir sont vacants. Jean-Marc Pastor et Jacqueline Alquier laissent leurs places. Le jeu est ouvert. Les municipales de mars dernier accentuent encore davantage cette recomposition. Une recomposition avec un relent de décomposition. Le PS détient actuellement la totalité des sièges. Dimanche prochain, ce monopole risque de tomber. La bascule à droite ou au Centre de Gaillac, Mazamet, Lisle-sur-Tarn, Lescure, Labruguière change la donne. Le 1er fédéral du département conjure le spectre de la perte programmée d’un siège. D’autres socialistes sont moins prudents. Mais Samuel Cèbe insiste sur le profil de ses adversaires de l’UDI et de l’UMP. Jacques Thouroude et Philippe Bonnecarrère sont des élus urbains. Implantés à Castres ou Albi. Ils manquent de notoriété dans les communes rurales. Cela constitue, d’après le socialiste, un handicap. Vrai pronostic ? Fausse intuition ? Les urnes le diront. Une chose est sure. Le PS dispose d’un candidat de poids. Président du Conseil Général depuis 1998, Thierry Carcenac connaît tous les coins et recoins du pays de Jaurès. Les communes du département passent, depuis des années, à son guichet pour financer projets et chantiers. Décentralisation rime avec subventions. Surtout quand l’Etat coupe les vannes. Favori du scrutin, Thierry Carcenac évoque sa campagne. Mais aussi les dossiers chauds qui hantent l’isoloir. Notamment l’autoroute Castres-Toulouse et le projet de Sivens.
Midi-Pyrénées Politiques – Vous avez été député. Vous êtes président du Conseil Général. Pourquoi voulez-vous ajouter un mandat de sénateur à votre CV ?
Thierry Carcenac. « J’aurais pu arrêter. Mais je pense que je peux encore apporter quelque chose. Je veux être une voix et une écoute».
Midi-Pyrénées Politiques – Comment menez-vous campagne ?
Thierry Carcenac. « Je l’ai commencé depuis le mois de juillet J’ai envoyé une lettre dans laquelle j’ai présenté ma candidature et mes motivations. Puis j’ai entamé une phase d’écoute en passant dans toutes les mairies. A la fin de cette phase d’écoute j’ai fait un document de synthèse ».
Midi-Pyrénées Politiques – Quelles sont les attentes des grands électeurs ?
Thierry Carcenac. « Il y a 1067 grands électeurs dans le département. La réforme territoriale les préoccupe. Ils se demandent quel va être l’avenir de la commune et du département. Sur la fusion des régions et notamment la fusion entre Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon, ils conçoivent qu’une grande région est quelque chose d’important. L’intercommunalité, en revanche, ne fait pas l’unanimité. Les élus locaux se demandent comment ils vont pouvoir gouverner. Ils sortent d’une fusion (intercommunale) et ils n’ont pas envi d’aller vers une autre. Enfin les zones vulnérables (application d’une directive européenne imposant des pratiques agricoles particulières) préoccupent beaucoup les élus locaux. Notamment du côté d’Ambialet ou l’on a trouvé des nitrates dans un méandre ».
Midi-Pyrénées Politiques – Et les questions financières ?
Thierry Carcenac. « La baisse de la DGF (Dotation Générale de Fonctionnement versée par l’Etat et en baisse constante) inquiète. On arrive à l’os du jambon. Les investissements vont se ralentir. Le fonds d’aménagement des rythmes scolaires soulève aussi beaucoup d’inquiétude. Je milite d’ailleurs pour son maintien. Il permet aux communes de faire face à des dépenses qu’ils ne peuvent pas financer autrement ».
Midi-Pyrénées Politiques – Le dossier de l’autoroute Castres-Toulouse peut-il, d’après vous, peser sur le scrutin de dimanche prochain ?
Thierry Carcenac. « Pas vraiment. Les élus locaux s’inquiètent surtout du financement des itinéraires de substitution. Avant 2004 l’Etat maintenait une voie gratuite à coté de l’autoroute construite. C’est fini. Les élus du sud du département s’interrogent sur le coût et le financement de ces itinéraires ».
Midi-Pyrénées Politiques – Et le dossier chaud du moment : Sivens. Les anti-barrages disent que votre intransigeance est liée à votre candidature aux sénatoriales. Une réaction ?
Thierry Carcenac. « Non. Je ne vais pas réagir par rapport à ces événements. Certains peuvent vouloir faire barrage à Carcenac. Mais je n’ai pas de commentaire à faire ».
Midi-Pyrénées Politiques – Question politique. Le résultat des municipales de mars dernier va forcément influencer les sénatoriales. Dans quelle mesure selon vous ?
Thierry Carcenac. « J’ai été reçu dans toutes les communes. Bernard Carayon (maire UMP de Lavaur) a réuni tout son monde. Il a été assez hard. Mais il a bien voulu que je rencontre tous les élus. A Albi, cela c’est très bien passé avec Stéphanie Guiraud-Chaumeil. Ce n’était pas tout à fait pareil à Castres ».
Midi-Pyrénées Politiques – Face à une poussée de la droite aux municipales, votre étiquette socialiste est-elle un handicap ?
Thierry Carcenac. « Les électeurs savent qui je suis et ce je fais. Je gère le département en tenant compte de toutes les sensibilités. Je suis tarnais. Même si mon physique n’est pas trop rond. Je sais être rond ».
Midi-Pyrénées Politiques – En cas de victoire aux sénatoriales, allez vous cumuler avec votre mandat de président du Conseil Général ?
Thierry Carcenac. » Une loi a été votée. En 2017, il sera impossible de cumuler la présidence d’un éxécutif local et un mandat parlementaire « .
Midi-Pyrénées Politiques – Et en attendant 2017, vous allez être un sénateur-président de Conseil Général ?
Thierry Carcenac. « En 2015, il y a des élections cantonales. Nous verrons bien. Et puis il faut que je sois élu sénateur. Là encore, nous verrons bien. A chaque jour suffit sa peine ».
Propos recueillis par Laurent Dubois