Le FN monte au front. Il montre un visage local.
Les municipales sont les moins politiques des élections politiques. Les étiquettes nationales jouent un rôle. Le climat dans le pays influencent les électeurs. Mais il s’agit de voter pour le stationnement en centre ville ou les places en crèche.
Le Front National oublie parfois cette logique. Il nationalise un scrutin profondément local. Les électeurs attendent des réponses concrètes à leurs problèmes quotidiens. Le FN se met « hors jeu » en parlant de l’Europe ou du gouvernement.
A Albi, le parti de Marine Le Pen ne commet pas cette erreur stratégique. Son candidat est un candidat du cru. Depuis 25 ans, Frédéric Cabrolier arpente les rues de la préfecture Tarnaise. Il n’a pas besoin d’une boussole pour se repérer dans les quartiers albigeois. Cette évidence n’est pas évidente partout. Dans certaines villes, les porte drapeaux du FN sont des émigrés de fraîche date. Ils sont parachutés.
Au delà du profil, Frédéric Cabrolier a surtout un atout dans sa manche. Il a compris la mécanique des municipales. Il le dit haut et fort : « moi je fais du local ». Son objectif est clair. Il vise « l’entrée historique du FN à la mairie d’Albi ». Il ne pousse pas son optimisme jusqu’au fauteuil du maire. Mais il est convaincu de l’élection de conseillers municipaux. Les scores élevés du FN aux dernières cantonales attisent sa flamme. Frédéric Cabrolier va souffler sur ces braises.
Le maire sortant, Philippe Bonnecarrère est son cœur de cible.
Frédéric Cabrolier qualifie son projet des Cordeliers de « Cap Découverte des Albigeois, un nouveau gouffre financier à ciel ouvert ». Le candidat FN cible également la fiscalité locale. Il invoque la Chambre Régionale des Comptes : » la CRC signale que le foncier bâti est 30% plus élevé par rapport à des communes de taille comparable ».
La méthode est classique. Mais elle est redoutable. Notamment auprès des commerçants et des professions libérales. Mais aussi, en période de Crise, du côté des classes moyennes. Frédéric Cabrolier utilise l’argument de la matraque fiscale. Il le transforme en massue électorale : « il y a beaucoup trop d’impôts locaux, ça pèse sur les ménages. Il faut baisser la fiscalité albigeoise de 30% sur la durée du mandat. Il n’y a pas trente six solutions, il faut dépenser moins ». Des dépenses en moins. Facile à dire. Comment le faire ? Réponse de Frédéric Cabrolier : « je coupe dans les subventions à certaines associations communautaires ou politiques comme le MRAP ». Même local, un candidat FN reste un candidat FN.
Autre angle d’attaque : l’insécurité.
Frédéric Cabrolier veut « axer sur l’insécurité ». Là encore, c’est une vieille recette frontiste mise à la sauce albigeoise. La Cour d’Assise du Tarn ne déborde pas de dossiers. La BAC parle de quelques voitures brûlées et d’une délinquance normale dans une ville moyenne. Albi n’est pas Toulouse. Encore moins Marseille. Le seul point noir est du côté des cambriolages. Mais Frédéric Cabrolier exploite le filon. Ce n’est pas une bonne guerre. Mais la guerre est bonne. Elle permet de conquérir des voix.
Armement de la police municipale. Ouverture de postes d’îlotiers dans les quartiers de Lapanouse et Cantepau. Expulsion des familles de délinquants multirécidivistes. Frédéric Cabrolier utilise des munitions perforantes.
Elles seront performantes. Phillipe Bonnecarrère peut toujours brandir sa vidéosurveillance. Face à l’artillerie lourde du FN, c’est un pistolet à bouchon.Une série de voitures en feu à Lapanouse ou même à Castres arme le ressentiment des albigeois. Frédéric Cabrolier peut se contenter d’un geste simpliste : appuyer sur la gâchette.
Laurent Dubois