Philippe Saurel avait préparé sa candidature déclarée ce lundi. La preuve : ce « manifeste pour faire bouger les lignes de la conscience et de la réflexion politiques des citoyens ». Belle déclaration d’intention mais en rien un programme…
Mars 2014 : Philippe Saurel emporte avec une liste « Divers Gauche » comme il la qualifie, les élections Municipales à Montpellier. Sans vouloir s’ériger en exemple, il dénonce « la fracture civique entre les représentants politiques et ceux qu’ils sont censés représenter ». « Réfléchir autrement le fonctionnement des institutions et ouvrir une nouvelle voie possible pour les électeurs » semble être le leitmotiv de son ouvrage : « Réparer la République ».
« Le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple » Abraham Lincoln
Seulement la recette appliquée à une ville, peut-elle être reproduite sur une élection régionale ? Cet ouvrage est-il en fait une profession de foi ? En tout cas, le maire de Montpellier ne lésine pas sur les moyens, citant d’emblée Abraham Lincoln : la démocratie est « le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple ». Appelant à « une démocratie d’action », Saurel préconise une participation plus forte des citoyens.
Rien de bien nouveau dans ce discours amplement martelé ces dernières années et ces dernières campagnes par les mouvements dits « alternatifs » ou justement « citoyens». Quant aux partis politiques ? « Le monde change plus vite que toute forme d’organisation » commente Philippe Saurel. Toujours au sujet des partis : « en se privant du renouvellement des générations, de la mixité sociale et très souvent de la parité, ils prélèvent leurs candidats dans les mêmes éprouvettes ». Premier signe qu’il fallait relever dans ces paragraphes : sa liste s’intitulera « citoyens du midi ».
Jaurès, Bonaparte et l’anarchie
Et puis évidemment par les temps qui courent comment ne pas faire référence à Podémos… Même si Saurel affiche sa différence : « je suis un tiers issu de Jaurès, un tiers bonapartiste et le dernier tiers anarchiste ». Bon à savoir. « Humanisme et esprit de coopérative » pour Jaurès, « démarche personnelle » pour Bonaparte et « contre l’establishment » par rapport à l’anarchisme. Là encore il fallait relever un signe : c’est sur les terres de Jaurès, à Carmaux, qu’il devrait officiellement lancer sa liste en octobre, s’il va jusqu’au bout.
Saurel prône aussi une « République forte » et un Etat tout autant, notamment pour ne pas mettre vingt ans à doubler 7 kilomètres d’autoroute ou réaliser 150 kilomètres de LGV. Tiens, tiens…Voilà une belle leçon de pragmatisme, tout du moins sur le papier. Saurel estime que l’aménagement du territoire c’est le job de l’Etat. « Loin de moi l’idée de voir se dissoudre l’Etat dans les Régions ».
Comptez le nombre de personnes qui ont voté pour moi
Parlons maintenant des forces dont il compte disposer : « J’entends souvent dire « Saurel est isolé » (…) Comptez le nombre de personnes qui ont voté pour moi, quelle que soit leur appartenance politique… » Le maire de Montpellier veut « échapper aux dogmes » et assène cette phrase comme s’il voulait convaincre de la logique évidente de sa démarche. La suite de la campagne validera ou pas cette théorie. D’ailleurs Philippe Saurel conclue son manifeste en citant Antonio Machado : « Al andar se hace camino » (En marchant on fait le chemin).
Patrick Noviello
« Réparer la république », Philippe Saurel, Editions Privat.