C’est le groupe Nouveau Monde en Commun du Conseil Régional qui a tiré la sonnette d’alarme à travers un communiqué. « En Occitanie, le maire FN de Beaucaire et conseiller régional, souhaite faire voter cette charte ce matin ». « Nous ne savons pas ce qu’elle vaut juridiquement mais notre réaction est politique. Cette charte est terrible » s’insurge l’élu régional Nouveau Monde en Commun Patrick Cases. « Il s’agit d’un engagement moral des élus de la commune pour ne pas accueillir de migrants » veut tempérer Julien Sanchez, maire FN de Beaucaire.
Pourquoi accueillerions-nous ces clandestins ?
Les deux élus ne vont pas refaire le débat régional sur l’accueil des migrants puisque il a déjà eu lieu dans l’hémicycle. « Je suis intervenu d’ailleurs pour m’opposer à cette volonté de recevoir ces migrants. Pourquoi accueillerions-nous ces clandestins ? Parce que les amis socialistes de Carole Delga sont allés déclencher des guerres dans leurs pays ? » s’emporte Julien Sanchez. « L’Occitanie est une terre d’asile et doit le rester » rétorque Patrick Cases.
Alors que dit exactement cette charte ? « Que les communes signataires s’engagent à s’opposer par tous les moyens légaux à l’installation de centres d’accueil » (Paragraphe 4). « Que les communes signataires s’engagent à utiliser tous les moyens légaux afin d’obtenir l’évacuation des campas sauvages de migrants ou la cessation de toute emprise irrégulière par des groupes de migrants sur le territoire de la commune (Paragraphe 5). « Adoptée en conseil municipal, cette charte doit être communiquée aux représentants de l’Etat dans l’arrondissement et le département de la commune, au conseil départemental et au conseil régional dans lequel la commune a son siège » (paragraphe 8).
La crainte de l’effet tache d’huile
Initiée par Steeve Briois sur sa commune de Hénin-Beaumont, le Front National souhaite la faire adopter dans un maximum de communes. « Nous redoutons que cela fasse tache d’huile dans notre région mais aussi partout en France » avoue Patrick Cases. « Je ne sais pas où en est Robert Ménard à Béziers. Nous espérons en effet que d’autres communes FN mais aussi des maires Divers Droite adoptent cette charte » confirme Julien Sanchez. Son conseil municipal est prévu ce matin à 10h à Beaucaire dans le Gard. Sur l’ordre du jour, le vote de la charte figure au chapitre « finances » section « Cabinet/politique la ville/commerce ».
Incongru ? Pas tant que cela quand on jette un coup d’œil à la « déclaration liminaire » de la charte. Dans celle-ci, il est indiqué que « l’accueil des migrants génère un coût financier », « engendre des tensions graves avec les administrations de nos communes, nuit à l’ordre public, asphyxie l’économie locale ». Autre argument avancé celui de la sécurité : « des migrants permettent à des djihadistes de pénétrer sur le territoire de la République en vue de commettre des attentats contre nos populations, et qu’il n’est pas exclu que certains soient infiltrés dans les groupes de migrants disséminés dans les centres d’accueil ».
Bataille d’opinion et morale
« Déjà le terme de migrants n’est pas approprié. Nous, nous parlons de réfugiés, de personnes qui ont été contraintes de quitter leur pays » nuance Patrick Cases. Et Nouveau Monde en Commun de vouloir à son tour alerter la population mais d’une autre façon. « Cette charte représente ce qu’il y a de pire dans nos sociétés : le rejet de l’autre, l’absence de compassion et de solidarité, la division des êtres humains ». « A Beaucaire, nous avons déjà deux quartiers prioritaires et un fort taux de chômage. Nous n’avons pas besoin de précarité supplémentaire. Ça risque également d’abaisser le niveau de nos classes à l’école et occasionner des problèmes de sécurité» se justifie Julien Sanchez. Mais tout cela le maire devra aussi l’expliquer à sa population lors d’une réunion publique puisque la charte impose aussi de prévenir les administrés.
C’est donc bel et bien une bataille d’opinion qui s’engage et le FN l’a compris. Le paragraphe 6 de sa charte dit ceci : « les communes (NDLR : signataires) s’engagent à utiliser tous les moyens de communication à leur disposition pour faire connaitre leur opposition à l’accueil des migrants sur leur territoire ». Reste maintenant à l’Etat (les préfectures) et aux collectivités locales (Régions, Départements) qui vont recevoir ces chartes (si elles sont adoptées) à trancher à la fois sur leur caractère légal mais aussi moral.
Patrick Noviello