La consultation, c’est maintenant. Du 9 mai au 10 juin, les habitants de la région vont pouvoir choisir le nom de la nouvelle région. Avec des bulletins « papiers » et sur le web, les « électeurs » vont pouvoir départager les 5 noms en compétition. Le président du bureau de l’assemblée régionale précise le mode d’emploi mais surtout il revient sur les questions qui fâchent. Gérard Onesta répond aux critiques sur le côté « usine à gaz » du vote et sur la place dans le dispositif de la presse de la famille Baylet. Interview.
Le Blog Politique. La consultation sur le nouveau nom de la nouvelle Grande Région débute aujourd’hui. Qui peut voter ?
Gérard Onesta. Toute personne de plus de 15 ans habitant notre région ou déclarant y avoir des attaches. Autrement dit, tous les jeunes de plus 15 ans plus les électeurs inscris sur les listes électorales plus tous ce que nous appelons les visiteurs, cela va de l’ingénieur allemand d’Airbus jusqu’à l’Africain qui trime durement sur le port de Sète plus la diaspora c’est-à-dire les personnes qui ont quitté la région mais qui conservent des attaches familiales ou affectives.
Le Blog Politique. Que répondez-vous aux critiques sur le côté « usine à gaz » de la procédure de vote ? Il y a une part une part de vérité ou c’est un procès d’intention ?
Gérard Onesta. C’est la formule qu’employait la droite au départ. Ce serait simple si on avait prévu aucune contrainte pour assurer la sincérité du vote et si tout le monde pouvait cliquer 400 fois. C’est complexe mais c’est le seul moyen pour être serein. Ce n’est pas quand même pas très compliqué. Pour le vote papier, il suffit de classer les noms de 1 à 5 en cochant des cases et ensuite de mettre dans une enveloppe sans affranchir. Un numéro de téléphone est demandé pour vérifier qu’une même personne ne vote pas 40 fois, c’est tout. Sur internet, il suffit de remplir un formulaire en indiquant son nom, son prénom, son département d’origine et son numéro de téléphone puis on reçoit un mail de confirmation afin d’être certain que la personne qui s’est inscrite est bien à l’origine du mail. Quelqu’un peut connaître votre adresse mail et l’utiliser. Une fois cette étape passée, je reçois un sms avoir un code pour valider. Le but est d’éviter qu’une personne utilise 50 portables ou 50 adresses IP.
Le Blog Politique. L’addition des étapes (mail de validation, Sms…) ne va-t-elle pas dissuader les gens de voter ?
Gérard Onesta. Nous préférons moins de votes à un vote qui n’est pas sincère. On veut une vraie consultation citoyenne. Si on voulait faire tourner le compteur, on ne demandait rien et une personne pouvait cliquer 100 fois. Pour le téléphone, il faut un numéro à 10 chiffres, un numéro français. Quand j’entends parler de vote réalisés depuis Barcelone… 4 millions de personnes peuvent essayer de voter, cela ne fera pas 1 suffrage (NDLR : les organisateurs « craignent » une forte mobilisation du vote catalan des deux côtés des Pyrénées).
Le Blog Politique. L’opposition vous accuse de faire un cadeau déguisé à Jean-Michel Baylet en achetant de l’espace publicitaire et en insérant des bulletins de vote dans les journaux du ministre de François Hollande. Que répondez-vous à cette accusation ?
Gérard Onesta. Notre souci a été d’éviter une fracture numérique. 90% des habitants de la région sont connectés et disposent d’un ordinateur ou d’une tablette mais on n’a pas voulu laisser de côté 10% de la population. Le seul moyen est de prévoir un support papier. Le premier vecteur de distribution ne sera pas la presse de Jean-Michel Baylet mais le journal de la région. Il est distribué dans toutes les boites à lettres. Cela va au-delà de la Dépêche du Midi, de Midi Libre, de l’Indépendant réunis. Et pour les journaux de la presse, nous avons un partenariat avec tous les journaux qui l’ont demandé et parmi les journaux il y a effectivement la presse de Jean-Michel Baylet. On ne va pas exclure un vecteur qui est difficilement contournable uniquement pour éviter une critique.
Le Blog Politique. Combien de votants espérez-vous ? A partir de quel seuil estimez-vous que ce sera un succès ou au contraire un échec ?
Gérard Onesta. A 100 000, c’est un vrai sondage. Au delà de 500 000, c’est un triomphe. Mais, notre premier souci, c’est la sincérité de la consultation. On ne cherche pas uniquement à faire tourner le compteur.
Le Blog Politique. Le vote sur internet ou sur papier, sera-il définitif ? Le gouvernement ou le Conseil d’Etat (qui doit être obligatoirement consulté) peuvent-ils passent outre votre consultation ?
Gérard Onesta. C’est une autre inconnue. Si peu de gens votent, n’importe quel scribouillard du Conseil d’Etat pourra s’asseoir sur la consultation et choisir en dehors de la liste des 5 noms. En revanche, si la consultation est massive qui osera passer outre à Paris ? Si je ne veux pas laisser le choix à d’autres, c’est à moi de choisir.
Propos recueillis par Laurent Dubois (@laurentdub)