La députée (En Marche) de la Haute-Garonne a voté pour l’interdiction de filmer le visage des policiers. Rien de surprenant pour un membre de la majorité. Sauf que la presse est vent debout contre cette mesure jugée liberticide et que Sandrine Mörch est…journaliste de profession.
Sandrine Môrch échappe totalement au soupçon de lobbying ou de corporatisme. Journaliste de profession, la députée de la 9ème circonscription de la Haute-Garonne met régulièrement en avant son parcours dans les rédactions de France 2, France 3, TF1 et Arte. Et, pourtant elle défend une mesure combattue par l’ensemble de la presse.
Il est parfaitement sain qu’un député fasse primer son mandat sur ses attaches professionnelles. Sandrine Mörch met souvent en avant sa qualité de journaliste pour justifier son engagement politique. Elle a notamment déclaré qu’elle « défend (en tant que parlementaire) les mêmes causes et les mêmes valeurs que dans le journalisme ».
La proposition de loi « sécurité globale » met un terme à cette double casquette.
Cette clarification intervient alors, qu’au travers de tracts syndicaux et de tribunes, les journalistes se mobilisent contre l’article 24 de la proposition de loi « sécurité globale ». L’interdiction et la répression ( 1 an de prison, 45 000 euros d’amende) de la diffusion de « l’image du visage ou de tout autre élément d’identification » d’un policier ou d’un gendarme suscite une très forte opposition. Des associations de défense des droits de l’Homme, des avocats et des magistrats sont également opposés à cette mesure. Le malaise dépasse même les frontières de la France. Le conseil des droits de l’homme de l’ONU a critiqué la proposition de loi polémique.
Lors d’une manifestation parisienne contre la loi « sécurité globale », un journaliste de France 3 a été interpellé et placé en garde à vue. Un journaliste, Tangi Kermarrec, avec qui, d’ailleurs, l’ancienne journaliste et actuelle députée a travaillé et qui a été son rédacteur en chef (adjoint).
Dans ce contexte très particulier, la députée de la Haute-Garonne aurait pu se contenter d’une abstention lors du vote sur l’article 24. C’était un moyen facile et sans risque (politique) d’exprimer sinon une opposition, du moins une réserve. A la différence de plusieurs membres du groupe En Marche à l’Assemblée, la députée a préféré jouer la discipline majoritaire.
Une discipline qui a une limite temporelle : juin 2022. A la fin de son mandat, la parlementaire pourrait, au terme d’une mise en disponibilité, revenir dans sa rédaction d’origine.
Contactée par France 3 Occitanie, Sandrine Mörch n’a pas répondu à nos sollicitations afin de connaitre sa position et les raisons de son vote.
Une position et un vote qui ont évolués. Après avoir voté en première lecture pour l’article 24, la députée de la Haute-Garonne a contacté les services de l’Assemblée afin de « faire savoir qu’elle aurait voulu voter contre » !!!
Lors du vote en séance solennelle, ce mardi 24 novembre, Sandrine Mörch a réitéré sa position en votant contre l’ensemble de la proposition de loi « sécurité globale ». Vrai revirement ou simple ajustement suite au battage médiatique ? Le doute est permis…
Laurent Dubois (@laurentdub)