Nouvel épisode dans les relations tumultueuses entre le maire de Toulouse et Anticor. L’association de lutte contre la corruption demande une vérification de la déclaration d’intérêts du maire de Toulouse.
Les relations entre Anticor et Jean-Luc Moudenc sont particulièrement tendues. Le 10 juillet dernier, lors d’un conseil municipal, le 1er magistrat de la ville Rose a qualifié la charte de l’association de lutte contre la corruption de « populiste ». Cette déclaration au vitriol faisait suite à une interpellation de son adversaire aux dernières municipales, Antoine Maurice.Un adversaire électoral et désormais leader de l’opposition au sein du conseil municipal qui a, d’ailleurs, signé la charte d’Anticor.
Anticor : une posture politique pour Jean-Luc Moudenc
Deux mois après une première sortie, Jean-Luc Moudenc dégaine une nouvelle fois et dénonce « le caractère politique de la posture » d’Anticor et une proximité avec ses « opposants ».
La nouvelle charge de Jean-Luc Moudenc est une réplique à une démarche de l’association. L’association Anticordemande une vérification de la situation du maire de Toulouse auprès de la Haute Autorité pour la transparence de l’autorité.
Juridiquement, il n’existe pas procédure permettant à un citoyen ou à une association de saisir la Haute Autorité. Mais Anticor bénéficie d’un agrément, délivré par la HATVP, qui lui permet, de manière dérogatoire, de saisir l’autorité administrative indépendante. Une saisine qui, selon l’association, porte sur « des incohérences manifestes » dans la déclaration d’intérêts du maire de Toulouse.Les incohérences en question portent sur le statut de haut fonctionnaire de Jean-Luc Moudenc et sa présidence de plusieurs associations.
Contacté par France 3 Occitanie, Jean-Luc Moudenc dément :
La vérité factuelle c’est que j’avais, postérieurement à ma déclaration initiale (faite après mon élection comme maire de Toulouse en avril 2014), effectué une seconde démarche auprès de la HATVP, par lettre, après ma réintégration (ndlr : au ministère des Finances). J’avais alors reçu un courrier du président de la HATVP d’alors m’en accusant réception…En outre, j’ai effectué, en juin 2017, une autre déclaration d’intérêt. Toutes mes fonctions y sont déclarées : élu, fonctionnaire et responsable association bénévole.
L’affaire est désormais entre les mains de la HATVP. L’autorité administrative n’est pas tenue de communiquer. Mais, en médiatisant l’affaire, Anticor soulève une polémique qui renvoie, d’ailleurs, à son propre mode de fonctionnement.
Le profil « politique » de référents d’Anticor
En contre-attaquant sur le terrain politique, Jean-Luc Moudenc met l’accent sur une « faille » de la célèbre association.
Anticor est un acteur connu et reconnu de la lutte contre la corruption. En faisant des signalements au parquet ou en portant plainte avec constitution de partie civile ; l’association a fait avancer la lutte contre la corruption, les détournements de fonds et les trafics d’influence. Mais le recrutement des co-référents départementaux pose question.
En Haute-Garonne, les co-référents de l’association sont, au moment de sa création, un ancien élu et une conseillère municipale, membre du parti radical de gauche. Cette dernière a démissionné. Mais il n’en demeure pas moins que ces profils peuvent surprendre pour une association qui se veut se apolitique et neutre. Dans le Tarn, le référent a été candidat aux législatives et aux municipales.
Les décisions sont prises nationalement par un bureau composé de juriste et présidé par un magistrat. Les référents départementaux se contentent de faire remonter les dossiers à Paris.
Mais le choix des relais locaux entretient une certaine suspicion ou du moins affaiblit la légitimité d’Anticor. Et ce n’est pas sans conséquence.
Cela permet à Jean-Luc Moudenc d’enfoncer le clou sur la « politisation » d’Anticor.
Laurent Dubois @laurentdub