La région Occitanie est présente sur 3 continents. Des « ambassades » existent en Afrique du Nord, aux Etats-Unis, en Chine et en Grande Bretagne. Combien coûtent ses maisons à l’international ? A quoi servent-t-elles ? Enquête.
C’est un héritage de Georges Frêche. Le président de l’ex Languedoc-Roussillon a légué 4 implantations internationales à la nouvelle région Occitanie. Le transfert aurait pu être plus important. En 2008, Milan a été fermé et Barcelone a également mis les clés sous la porte. L’Occitanie a « uniquement » récupéré New-York, Londres, Shangaï et Casablanca.
La gestion de ces implantations internationales est assurée par Sud de France Développement.
Le budget est fourni par la direction des affaires européennes et internationales du conseil régional.
18 personnes et plus de 4 millions d’euros de budget annuel
Pour 2018, le budget de fonctionnement est de 3 182 050 euros. Ce somme correspond aux crédits effectivement consommés. Mais l’autorisation de programme (c’est-à-dire le plafond des dépenses) est 4 192 050 euros.
Ces budgets de fonctionnements inclus notamment la rémunération du personnel :
- Shanghaï : 8 personnes
- Londres : 3 personnes
- Casablanca : 3 personnes
- New York : 4 personnes
Sur la durée du premier mandat (6ans) de la nouvelle Occitanie l’investissement s’élève à un peu plus de 20 millions d’euros.
1050 entreprises clientes
Vitrine pour les produits régionaux, tête de pont pour les entreprises régionales. La vocation des maisons de l’Occitanie va de la « publicité vivante » au soutien logistique. A New York, sur une des plus prestigieuses avenues de la ville et face à Trump Tower, on trouve un espace de travail pour les entrepreneurs mais aussi une présentation des vins « made in Occitanie ».
La vraie question est l’utilité de cette présence sur plusieurs fuseaux horaires. Le conseil régional organise des missions économiques à l’international. Du 26 mai au 7 juin prochain, une délégation va ainsi se rendre au Japon avec 17 entreprises de la région. L’existence de maisons permanentes, dans des capitales étrangères, simple gadget ou vrai tremplin ?
Un des « pères fondateurs » des Maisons (ayant participé sous la présidence Frêche à leur création), l’utilité des Maisons n’est pas évidente Par expérience, cette source estime que les entreprises qui souhaitent se lancer dans l’export ont déjà un réseau. Ce serait particulièrement vrai s’agissant du Maroc.
Autre limite du genre : le profil des entreprises « cibles ». Une enquête menée auprès des PME et TPE de l’ex-Languedoc-Roussilon montre que 95% des entreprises ne maîtrisent pas la langue anglaise.
Ainsi, à New-York ou Londres mais aussi en Chine, le fait de mettre à disposition des espaces de travail est assez virtuel. Les entrepreneurs ne peuvent pas se contenter d’une prise électrique et d’un bureau. Ils ont besoin d’être accompagner au niveau linguistique. Et lorsqu’ils disposent de contact locaux, généralement, ils n’ont pas besoin d’un pied-à-terre pour se connecter à internet et poser leurs dossiers.
Du côté du gestionnaire des Maisons, un nombre est mis en avant : 1050. C’est le nombre des entreprises qui utilisent les services et ont participé aux actions des Maions. Ce chiffre porte sur l’ensemble des Maisons. Dans le détail c’est la Maison de New York qui est la plus porteuse (510 entreprises bénéficiaires). Londres (483 bénéficiaires) et Shanghaï (323 bénéficiaires) sont ensuite les sites le plus porteurs.
Casablanca arrive en queue de classement avec 123 entreprises qui ont utilisé les services ou bénéficié de l’action de la Maison Occitanie.
Plus de 8000 entreprises font de l’export en Occitanie. 80% des exportations sont liées aux activités aéronautiques. Des activités qui, par nature, ne correspondent pas à la vocation des Maisons de la Région. Le cœur de cible sont essentiellement les PME TPE de l’agro-alimentaire.
Ces entreprises, principalement tournées vers la production viticole, sont un peu plus de 1600. Si on effectue un ratio entre le nombre total d’entreprises exportatrices en Occitanie et les entreprises utilisatrices le résultat est modeste : un peu plus de 12%.
En revanche, s’agissant de l’agroalimentaire le ratio est bien meilleur : 65%.
Néanmoins, ce chiffre est à relativiser puisque une même entreprise peut utiliser plusieurs Maisons afin de se positionner sur plusieurs marchés, principalement américains et chinois.
Ces deux marchés sont particulièrement « ciblés » par les viticulteurs de notre région.
À noter que les utilisateurs des Maisons de l’Occitanie bénéficient également d’autres aides à l’export. Ainsi la Métropole de Montpellier dispose d’une Maison à Shingdu, dans la province chinoise du Sichuan.
En Occitanie, les collectivités locales ne lésinent pas sur leur aide aux viticulteurs.
Selon les derniers chiffres fournis par les services de l’Etat, la culture et l’élévage représentent 4,3% des exportations en Occitanie. Mais ce secteur d’activité peut compter sur la mobilisation des pouvoirs locaux et de leurs budgets.
Laurent Dubois (@laurentdub)