08 Nov

Déserts médicaux : « un scandale d’état » selon Michel Gabas

Michel Gabas, maire d'Eauze et conseiller général du Gers. Photo Max PPP Michel Amat

Michel Gabas, maire d’Eauze et conseiller général du Gers. Photo Max PPP Michel Amat

Maire d’Eauze et pharmacien de son état, Michel Gabas écrit à Edouard Philippe. Il dénonce la politique de l’Etat et demande au Premier Ministre d’écouter « les élus d’en bas ».

Comme on n’est jamais mieux servi que par soi-même, Michel Gabas commence d’abord à parler des pharmaciens. Ceux qui étaient, rappelle-t-il, surnommés « les hussards verts de la santé, les premiers au contact de la population » par Jacques Barrot quand ce dernier était Ministre de la Santé. « Le numerus clausus à l’entrée des facultés légèrement assoupli mais extrêmement sélectif laisse sur le carreau bon nombre d’étudiants qui auraient pu être d’excellents praticiens » commente-t-il.

Des ARS sans vision à long terme »

Pour aborder plus généralement le problème des déserts médicaux, le maire de droite d’Eauze n’hésite pas à parler de « scandale d’état ». Il pointe les Agences Régionales de Santé qui agissent « sans discernement, sans vision à long terme, sans connaissance approfondies des réalités territoriales ».

Il évoque aussi des collègues maires « affolés de voir les médecins non remplacés qui consacrent un budget conséquent pour recruter des médecins étrangers par le biais d’agences de « chasseurs de tête » ». « Ils dépensent des millions d’euros pour construire des maisons de santé qui ne nous garantissent pas l’arrivée de médecins ».

A Eauze, 20 000 euros déjà dépensés pour rencontrer dix candidats »

Puis Michel Gabas de prendre l’exemple de sa commune de 4200 habitants sur un bassin de vie de 10000 âmes et autant de dossiers médicaux. « Six médecins, il y a trois ans, tous saturés (population âgée, rurale, etc.) Aujourd’hui trois médecins seulement car les autres sont partis à la retraite ». Il a déjà rencontré 10 candidats, tous étrangers, a dépensé 20 000 euros d’acomptes prévisionnels sur son budget communal pour les honoraires de recherches qui, en cas de réussite, s’élèveront à 18 000 euros par médecins. Le tout pour un projet de centre médical qui avoisinera le million d’euros.

Les maisons de santé ? La télémédecine ? « Une vison urbaine de la médecine » balaie celui qui est aussi conseiller départemental d’opposition. Après cette lourde charge, l’élu gersois formule toutefois des propositions comme desserrer le numerus clausus à l’entrée des facultés et raccourcir les études de médecine générale, de pharmacie ou encore de chirurgie dentaire hors spécialisations.

Les syndicats de médecins libéraux sont les fossoyeurs de la santé en France »

Autre proposition : instaurer un numerus clausus d’installations quitte à comme il le préconise « contrarier les syndicats de médecins libéraux fossoyeurs de la santé en France puisque opposés à ce type de mesure au nom de la sacro-sainte liberté d’installation ». Dans la même veine, le maire d’Eauze évoque aussi l’instauration d’un bonus/malus sur la tarification des médecins en fonction de leur zone d’installation.

L’ordonnance est dressée. Reste à savoir si le Premier Ministre et sa Ministre de la Santé vont suivre le diagnostic.

Patrick Noviello (@patnoviello)