Un candidat LR ou PS peut-il revêtir un dossard En Marche ! pour les prochaines législatives. La question est politique. Mais l’enjeu est pratique et financier.
Le rideau de la présidentielle est à peine tombé et tous les partis sont tournés vers les législatives. Une question plane : Emmanuel Macron va-t-il accueillir, dans ses rangs, des socialistes ou des membres des Républicains ? La doctrine d’En Marche ! a évolué sur le sujet. Emmanuel Macron a affirmé un principe : une étiquette En Marche ! suppose et impose une démission du PS ou de LR. Mais, la veille du 2nd tour, Emmanuel Macron a infléchi sa ligne. Sur le plateau de France Info, le futur président a ouvert une brèche : un socialiste ou un LR peut porter les couleurs d’En Marche ! sans avoir besoin de démissionner.
Cet assouplissement correspond à un objectif majeur : faciliter les transfuges et étoffer les rangs d’En Marche !
Emmanuel Macron veut (selon son slogan) « de nouveaux usages et de nouveaux visages ». Mais, pour gouverner, il doit obtenir une majorité au Palais-Bourbon.
Le fait de récupérer des candidats expérimentés et enracinés peut aider à franchir l’obstacle. Du côté des « transferts », une candidature En Marche ! permet de « sauver les meubles ». Les deux grands partis ont été éliminés dès le 1er tour de la présidentielle. Un « recyclage » peut constituer une « assurance vie ».
Tous ces calculs (tactiques) se réduisent, en réalité, à une case sur un formulaire. Les candidats aux législatives vont déposer leur candidature à la préfecture. La date butoir est le vendredi 19 mai.
A cette occasion, ils vont préciser à quel parti ils sont rattachés. Cette déclaration obligatoire est loin d’être une formalité. Elle ouvre droit à un financement public.
Un financement lié au nombre de voix (1% sur au moins 50 circonscriptions) et au nombre de député(e)s. A ce titre, en 2013, le PS a perçu plus de 28 millions d’euros et LR (ex UMP) plus de 19 millions d’euros.
Or, pour bénéficier, de ce « trésor de guerre » il est impossible de « ventiler » les sommes. Autrement dit, un socialiste qui ne mentionne pas En Marche ! alimentera les caisses du PS. Mais, élu sous l’étiquette d’Emmanuel Macron, il ne rapportera pas un seul euro au mouvement qu’il l’a fait élire. Un mouvement qui, pour ces raisons de financement, va rapidement se transformer en parti. But : bénéficier du financement permis par les législatives.
Contacté par France 3 Occitanie, le patron des élections du PS, Christophe Borgel confirme l’impossibilité d’un double financement. Il n’est pas possible de faire 50/50, 85/15 ou 75/25 entre deux partis.
Ce verrou juridico-financier limite considérablement les spéculations sur les (doubles) candidatures En Marche !/PS ou En Marche!/LR.
Lors d’une conférence de presse, ce lundi 8 mai, le secrétaire général En Marche ! Richard Ferrand a précisé : les candidats d’Emmanuel Macron devront être administrativement inscrits à En Marche !
Cette inscription inclus…le volet financier. C’est un « détail » qui pèse plusieurs millions d’euros.
En Occitanie, que soit sur les réseaux sociaux ou dans le cénacle politique, beaucoup de commentaires circulent sur un « éventuel » ralliement de Sylvia Pinel à En Marche !
Un tel ralliement est (peut-être) possible politiquement. Jean-Michel Baylet affirme publiquement qu’Emmanuel Macron incarne les valeurs radicales de gauche.
Mais une affiche électorale de Sylvia Pinel avec le logo En Marche ! est loin d’être évidente.
Dans le Tarn-et-Garonne, comme ailleurs, c’est une autre formule qui risque de se développer. La multiplication (au PS, chez LR et au PRG) des étiquettes « Majorité Présidentielle ».
De (simples) étiquettes (ne renvoyant pas à un parti) qui peuvent rapporter politiquement. Mais qui ne coûtent rien financièrement.
Laurent Dubois (@laurentdub)