27 Jan

Pas de fiston ou de conjoint au Parlement Européen : l’idée vient de Gérard Onesta

Bruxelles est le punching-ball préféré des français. Mais, grâce à François Fillon, l’Europe est devenue en 72 heures un modèle à suivre. Un leitmotiv revient en boucle. Au Parlement Européen Madame Fillon n’aurait pas pu travailler pour son député de mari. Jamais la justice ne se serait penchée sur les 500 000 euros versés par l’Assemblée Nationale à la femme de l’ancien premier ministre. Et pour cause. Le règlement intérieur du Parlement Européen interdit que les couples à la ville deviennent de (juteux) tandems professionnels. Un élu d’Occitanie, ancien vice-président du Parlement Européen, est le père (législatif) de ce principe. Explications.

Gérard Onesta et Daniel Cohen-Bendit au Parlement Européen Photo APF/GerardCerles

Gérard Onesta et Daniel Cohen-Bendit au Parlement Européen
Photo APF/GerardCerles

Le Parlement Européen n’est pas toujours exemplaire. L’absentéisme est fort et il existe des affaires (touchant le Front National) sur l’utilisation des assistants parlementaires. Mais le Parlement Européen bénéficie d’une formidable coup de pub de la part de François Fillon. C’est purement involontaire et ce regain de respectabilité ne provient pas vraiment d’un européen convaincu. L’ancien premier ministre est même franchement euro-sceptique. Mais peu importe. L’emploi, par le député de Paris de sa femme et ses enfants, place subitement le Parlement Européen sur un Piédestal.

C’est un piédestal assez aride. Il prend la forme d’une disposition du règlement intérieur :

Les députés ne peuvent demander l’engagement ni de leurs conjoints ou partenaires stables non matrimoniaux ni de leurs parents, enfants, frères ou sœurs.

Cette barrière juridique est issue d’une bataille menée par l’actuel président du bureau de l’assemblée régionale d’Occitanie. Avant d’entrer dans l’arène toulousiano-montpelliéraine, Gérard Onesta a été vice-président du Parlement Européen. Pendant dix ans, de 1999 à 2009, Gérard Onesta a siégé à Bruxelles et il a été en charge des affaires constitutionnelles :

En 1999, lorsque je suis arrivé au Parlement Européen. On m’a confié le dossier des assistants parlementaires. Il n’existait aucun statut. Des contrats oraux avaient valeur de légalité.

C’est une série de dysfonctionnements graves (argent directement versé aux députés, « racket » par les partis nationaux) qui va faire bouger les lignes. Lors d’une réunion, Gérard Onesta met en garde ses collègues contre de véritables bombes à retardement. Faute d’une réforme, des scandales à répétition peuvent, selon le député écologiste, ruiner la réputation du Parlement de Bruxelles et alimenter un sentiment anti-européen. Comme le précise, Gérard Onesta :

On a fini par me donner le feu vert et le feu vert a duré 7 ans. Parmi les grandes batailles, il y avait que des enfants de députés européens ne travaillent pas avec papa et maman. Mais je ne pensais pas que le sujet s’inviterait dans la campagne présidentielle française.

L’éruption du Parlement Européen en pleine campagne élyséenne ne se limite pas à une question de règlement intérieur. Gérard Onesta rappelle un détail qui n’en est pas un. Dans le groupe de travail animé par l’élu d’Occitanie se trouvait un certain… Benoît Hamon.

Visiblement, l’épisode a laissé des traces chez l’ancien député européen et actuel candidat à la présidentielle. Lors du dernier débat de la primaire, Benoît Hamon a plaidé pour la transposition, en France, du règlement du Parlement Européen.

Laurent Dubois (@laurentdub)