Un « tête à tête », élyséen, entre un président de la République et un de ses ministres, ce n’est pas banal. C’est encore plus extra-ordinaire lorsque le ministre en question représente un parti qui vient d’investir une candidate pour la présidentielle. La rencontre pouvait tourner au carton rouge et même à l’expulsion de l’équipe gouvernementale. Jean-Michel Baylet a su trouver les mots. Le ministre PRG a présenté la candidature de Sylvia Pinel comme un…appui à François Hollande.
Le rendez-vous entre Jean-Michel Baylet et François Hollande aurait pu virer aux éclats de voix ou du moins à l’explication de texte. François Hollande n’est pas un adepte des coups de poing sur la table. Mais l’annonce, ce week-end, de l’échappée solitaire (en dehors du mécanisme de la primaire) de Sylvia Pinel pouvait crisper les nerfs et plomber l’atmosphère. François Hollande s’est laissé convaincre (par le patron des socialistes, Jean-Christophe Cambadélis) de participer à une primaire pour limiter les candidatures à gauche. Et voilà que l’une de ses ex-ministres, proche de son ministre des Collectivités locales, se lance dans la course des présidentielles. En bon français, cela s’appelle un coup de Jarnac.
François Hollande pouvait piquer la mouche. Surtout que le même week-end, son (propre) premier ministre a fait un pas de plus vers une possible candidature en 2017. Une candidate déclarée et un candidat virtuel, cela fait beaucoup en moins de 48 heures. Manuel Valls a été convoqué, pour un déjeuner, une heure avant la rencontre entre François Hollande et Jean-Michel Baylet. Cette coïncidence avait de quoi inquiéter le ministre PRG. Ça sentait le recadrage.
Selon une source proche du ministre, la rencontre a été cordiale. Il faut dire que Jean-Michel Baylet a donné des gages. La candidature de Sylvia Pinel a été présentée comme un « soutien » au président sortant. Le discours de Jean-Michel Baylet se résume à une ligne « hollandaise ». Si le président sortant entre en campagne, Sylvia Pinel et le PRG se rangent derrière lui. Cet appui permet de donner l’image d’un Hollande rassembleur.
En revanche, si Arnaud Montebourg remporte la primaire, Sylvia Pinel continue.
A ce discours rassurant, Jean-Michel Baylet a ajouté un autre réconfort. Le ministre PRG a assuré qu’il n’entendait pas quitter le gouvernement.
François Hollande peut donc être tranquille. Le chef de l’Etat peut toujours et encore compter sur son dernier allié : le PRG.
Laurent Dubois (@laurentdub)