23 Août

Primaire à droite : la députée Laurence Arribagé a finalement choisi Sarkozy… et Copé

On la disait proche de Jean-François Copé, d’autres attendaient qu’elle reste neutre en raison de sa position de patronne de la fédération de Haute-Garonne des Républicains. Finalement, Laurence Arribagé a choisi de s’engager derrière Nicolas Sarkozy… mais apporte son parrainage de parlementaire à Jean-François Copé.

Laurence Arribagé et Nicolas Sarkozy en 2015

Laurence Arribagé et Nicolas Sarkozy en 2015

Elle n’aura pas attendu bien longtemps. Dès le lendemain de l’annonce de la candidature de Nicolas Sarkozy à la primaire de la droite, la députée Les Républicains de Haute-Garonne Laurence Arribagé a décidé de soutenir l’ancien chef de l’Etat. Mais son parrainage de députée ira à Jean-François Copé.

« Un choix en conscience »

« Je fais ce choix en conscience, écrit-elle sur son site internet, en observant une France aujourd’hui affaiblie et plus que jamais menacée. Je fais ce choix en écoutant les Français, inquiets pour l’avenir économique de notre pays, s’interrogeant sur les actions incomprises d’une Europe au sein de laquelle la France n’existe plus ».

Son ami Copé, très faible dans les sondages, aura son parrainage

Cela n’aura donc pas traîné : lundi Sarkozy se déclare, mardi Laurence Arribagé le soutient. Jusqu’ici, pourtant, la présidente de la puissante fédération LR de Haute-Garonne, s’était bien gardée d’afficher son soutien à l’un ou l’autre des candidats. Comme nous l’avions écrit ici-même en février dernier, elle est très proche de Jean-François Copé et début 2016 son engagement semblait prendre cette direction. Mais depuis, de l’eau est passée sous les ponts de la Garonne : alors que Sarkozy remonte dans les sondages et que Juppé n’est plus aussi fringant, le cas Copé est devenu désespéré. Sa candidature ne décolle pas et ses amis politiques le quittent l’un après l’autre. La députée lui offre donc son parrainage de parlementaire qui « lui permettra de défendre sa ligne politique dans la campagne » explique son entourage.

Mais pour la femme et la militante Laurence Arribagé, ce sera donc Sarkozy. Tant pis pour ceux qui espéraient que la députée, qui est aussi la grande ordonnatrice de la primaire dans la Haute-Garonne, reste au-dessus de la mêlée.

Et Jean-Luc Moudenc ?

Laurence Arribagé est aussi adjointe au maire LR de Toulouse Jean-Luc Moudenc. Interrogé au sujet de la primaire début juillet, ce dernier avait indiqué qu’il choisirait un candidat lorsque tous seraient déclarés mais qu’il n’était pas sûr de rendre ce choix public indiquant se situer désormais au-dessus des choses partisanes. Juppé, Lemaire ? Jean-Luc Moudenc et son entourage semblent aujourd’hui se désintéresser, en tout cas publiquement, de cette primaire.

Une sacrée différence de point de vue entre le maire et son adjointe, qui lui a succédé à la tête des Républicains de Haute-Garonne.

Fabrice Valéry (@fabvalery).

« Occitanie » : le Front National dépose un recours contre le nouveau nom de la région

Le Front national a annoncé ce mardi 23 août avoir déposé le 17 août dernier devant le tribunal administratif de Toulouse un recours contre la délibération du Conseil régional qui nomme « Occitanie (Pyrénées-Méditerranée) » la nouvelle région issue de la fusion de Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon.

France Jamet, présidente du groupe Front National au conseil régional

France Jamet, présidente du groupe Front National au conseil régional

Selon France Jamet, présidente du groupe FN à la Région (premier groupe d’opposition en nombre d’élus), « de multiples irrégularités ont entaché le processus de détermination du nom. Madame Delga a agi de façon très autoritaire, en écartant, dès le départ, l’opposition du comité chargé de produire la liste de 5 propositions ».

Le FN dénonce l’organisation de la consultation populaire sur le nom et « le rejet purement arbitraire » du nom « Languedoc-Pyrénées ». Pour France Jamet, il s’agit d’un « excès de pouvoir ».

On ignore à l’heure actuelle quand le tribunal administratif de Toulouse examinera ce recours. Mais le calendrier est serré. Le Conseil d’Etat doit se prononcer et rendre un avis au gouvernement qui doit valider les noms des nouvelles régions avant le 1er octobre.

Du côté de la présidence de la Région, la réaction ne s’est pas faite attendre : « L’extrême droite a décidé depuis le début du mandat de pratiquer une obstruction délibérée et systématique, indique la Région. Ainsi, elle dépose après chaque assemblée plénière des recours sur des délibérations, recours qui ont été à chaque fois rejetés par la justice ».

Le nom Occitanie, avec son sous-titre « Pyrénées Méditerranée », ne fait pas l’unanimité. La droite et le centre lui préféraient « Languedoc Roussillon Midi Pyrénées » et ont même adressé un courrier à Manuel Valls en ce sens. Et puis les Catalans estiment avoir été « oubliés » et ne pas se sentir impliqués dans le nom Occitanie.

Le feuilleton continue.

Fabrice Valéry (@fabvalery)

19 Août

Justice à deux vitesses : selon que vous serez une élue régionale ou un SDF

2 mois de prison ferme pour le vol d’un paquet de riz et d’une boîte de sardines. 4 000 euros d’amende, un abattement de 20% de la somme à payer et aucune inscription au casier judiciaire. Face à la justice, il vaut mieux être une élue de la République qu’un SDF. En mai 2016, un jeune homme de 18 ans qui vit dans le Lot se retrouve derrière les barreaux. Le Tribunal Correctionnel de Cahors refuse d’entendre une défense qui se limitait à un aveu : « j’avais faim« . Le même mois, le 24 mai 2016, la chambre correctionnelle du Tribunal de Grande Instance de Montpellier sanctionne le détournement de 356 415 euros par une simple amende d’une élue régionale. Le décalage est troublant et même choquant.

Comment expliquer ce deux poids, deux mesures ?

Pour comprendre cette (mauvaise) fable version Occitanie (selon que vous serez une notable ou un SDF), France 3 Midi Pyrénées s’est procuré le jugement correctionnel de Montpellier.

Sa lecture ne dissipe pas un profond sentiment d’incompréhension.

BEP/LE MIDI LIBRE ; VUE GENERALE DU PALAIS DE JUSTICE DE MONTPELLIER (HERAULT). (MaxPPP TagID: maxnewsworldtwo459808.jpg) [Photo via MaxPPP]

Palais de Justice de Montpellier. Photo MaxPPP

La voix de la justice n’est jamais simple à décrypter. Des jugements paraissent (parfois) aberrants et contraires au bon sens. Mais des aspects techniques ou des éléments du dossier justifient ce qui parait injustifiable aux yeux des justiciables. Mais, dans le cas de l’affaire Béatrice Négrier, le juge correctionnel de Montpellier n’est pas très « coopératif ». Il n’est pas loquace et ne motive pas sa clémence. C’est peut être par soucis d’économie et en raison de la gestion d’une pénurie. La pauvreté de la justice est de notoriété publique. Les tribunaux manquent de photocopieuses et comptent le moindre trombone. Le juge montpellièrain est (probablement) économe de papier et en encre. 3 pages de jugement. Aucune explication sur la non inscription (sur le casier judiciaire) de la condamnation. Seule précision : c’est une demande de la prévenue et le juge donne droit à cette requête.

C’est une vraie leçon pour tous les prévenus de France et de Navarre. Il ne faut jamais se priver de solliciter la mansuétude du juge. Il n’est pas là uniquement pour faire tomber la foudre. Il accepte parfois de dégager l’horizon. Une inscription au casier, c’est jamais bon pour l’image et puis cela peut nuire à la reconversion professionnelle (dont s’occupe d’ailleurs Béatrice Négrier au Conseil Régional). Une inscription et c’est fini pour les concours de la fonction publique. Les candidats doivent avoir un casier vierge. Et pour ceux qui auraient envie de passer du palais de justice à une salle de rédaction, même chose. La délivrance d’une carte de presse impose une absence de mention au casier.

La « jurisprudence » Négrier est donc de salubrité publique. Elle mérite d’être affichée dans les locaux de Pôle Emploi. En cas de problème avec la justice correctionnelle, ne jamais oublier de solliciter la non inscription au casier. Cela évite de se fermer des portes.

En plus, cela ne coûte rien au juge. Il peut être à l’écoute du prévenu et le déclarer…coupable.

Attendu qu’il résulte du dossier que les faits reprochés sont établis, qu’il convient de l’en déclarer coupable et d’entrer en voie de condamnation.

S’agissant des faits en question, le juge rappelle que la prévenue était poursuivie pour avoir du 15 juillet 2010 au 30 juin 2011 :

Détourné au préjudice de MOUVEMENT REPUBLICAIN CITOYEN et ENSEMBLE ET SOLIDAIRE POUR ST ANDRE, des fonds, en l’espèce en tirant des chèques à hauteur de 356 415 euros, à son profit afin de composer des découverts sur ses comptes bancaires personnels

Les justiciables peuvent se rassurer. Détourner des centaines de milliers d’euros coûte seulement une amende de 4 000 euros. Mais il faut tout de même prévoir un peu de trésorerie. En effet, pour limiter la facture, le juge se transforme en conseiller financier :

La condamnée est informée qu’en cas de paiement dans le délai d’un mois à compter de la date ou elle a eu connaissance du jugement, elle bénéficie d’une diminution de 20% de la somme à payer

20% de 4 000 euros. L’amende est ramenée à 3 200 euros. C’est une bonne ristourne. Les soldes ne sont pas limités aux chaussures et aux maillots de bain.

L’autre bonne nouvelle est pour les membres d’un club VIP. Les élus peuvent être satisfaits de la « jurisprudence » Négrier. Le juge correctionnel invoque parfois l’identité professionnelle des prévenus pour muscler ses décisions. Un policier ou un gendarme voleur est plus durement sanctionné qu’un simple voleur. Dans l’affaire Juppé et les emplois fictifs du RPR, le jugement mentionne le fait que le maire de Bordeaux est énarque et haut fonctionnaire. C’est un facteur aggravant. Un énarque et haut fonctionnaire est censé défendre l’intérêt général et respecter la loi.

Dans l’affaire Négrier, aucune référence au fait que la prévenue gère les deniers publics d’une mairie ou du conseil régional. Dans le Lot, le juge a refusé de mettre dans la balance le statut SDF du détenu. Même ligne du côté de Montpellier. Mais, différence de taille, cela joue en faveur de l’élue.

Le symbole de la justice est une déesse, Thémis, aux yeux bandés. De là à penser que les magistrats ferment les yeux…

Laurent Dubois (@laurentdub)

 

Décision du tribunal correctionnel de Montpellier

Negrier-1

Négrier-2

18 Août

Loi anti-cumul des mandats : les sénateurs d’Occitanie fer de lance de l’offensive…enfin presque

Des sénateurs bousculent la trêve estivale. En plein mois d’août, 11 locataires du Palais du Luxembourg ont déposé une proposition de loi concernant l’interdiction du cumul des mandats. Les signataires du texte proposent un aménagement du mécanisme qui doit entrer en vigueur en 2017. Dans un peu moins d’un an, les parlementaires qui dirigent un exécutif local devront choisir. Ce sera soit un mandat de député ou de sénateur soit la présidence d’une Région, d’un département ou un fauteuil de maire.

11 sénateurs proposent de repousser l’entrée en vigueur du dispositif. 5 signataires sont originaires d’Occitanie. Ils appartiennent tous au groupe RDSE. Le groupe qui réunit les radicaux de gauche de Jean-Michel Baylet.

Hémicycle du Sénat. Photo : MaxPPP

Hémicycle du Sénat. Photo : MaxPPP

Nicolas Sarkozy promet un référendum pour remettre en cause l’interdiction du cumul des mandats. 160 députés de droite ont déposé une proposition de loi. C’est maintenant au tour de sénateurs de gauche de planter des banderilles dans la loi votée le 14 février 2014 et qui prévoit la fin d’une spécialité nationale : le cumul des mandats. Visiblement, la Région Occitanie (et plus particulièrement les départements de l’ex Midi-Pyrénées) est à la pointe de l’offensive. 5 des 11 signataires sont des « régionaux » : Françoise Laborde (Haute-Garonne), Yvon Collin (Tarn-et-Garonne), Raymond Vall (Gers), François Fortassin (Hautes-Pyrénées), Jean-Claude Requier (Lot).

Cette mobilisation ne reflète pas une résurgence de l’esprit Cathare et un goût pour l’hérésie. Les sénateurs de gauche ne souhaitent pas « brûler » la réforme voulue par François Hollande et adoptée par un gouvernement socialiste qu’ils soutiennent. L’explication est beaucoup plus prosaïque. Comme le précise un des signataires : « je ne suis pas un fou furieux du cumul des mandats. C’est vrai que la loi votée en 2014 pourrait être plus souple. Une dérogation au profit des maires des petites communes, moins de 2000 habitants, par exemple.Mais en fait c’est par solidarité avec le groupe ».

Voilà donc l’explication. L’initiative des sénateurs de l’ex Midi-Pyrénées (et actuelle Occitanie) est liée à une appartenance au groupe RDSE. Ce n’est pas un combat de fond mais une question « domestique ». Quand on vit sous le même toit, on signe les mêmes propositions de loi.  D’ailleurs, à la différence de nombre de leurs collègues, les sénateurs anti-cumul d’Occitanie ne sont pas des cumulards. Seul Raymond Vall est sénateur et maire de Fleurance.

Au delà du côté « corporate », c’est également le respect de la « tradition » et un sens du marketing qui a motivé le dépôt d’une proposition de loi. Un des signataires avoue sans détour : « Le groupe manque de lisibilité et le fait de déposer une proposition de loi permet d’exister. Et puis le groupe a toujours été favorable au cumul. Quand Jean-Michel Baylet était toujours dans le groupe (ndrl avant la perte de son mandat sénatorial), il plaidait pour le cumul et on respecte ainsi un certain état d’esprit« .

Laurent Dubois (@laurentdub)

 

 

Condamnation judiciaire d’une vice-présidente de la Région Occitanie : l’opposition demande sa démission

La condamnation a été discrète. Mais l’affaire est loin d’être terminée. Le 24 mai dernier, Béatrice Négrier, vice-présidente de la Région Occitanie a été condamnée par le tribunal correctionnel de Montpellier pour abus de confiance. Une condamnation définitive puisque aucune procédure d’appel n’est ouverte. 4 000 euros d’amende pour un détournement de fond d’un montant de 340 000 euros. Aucune inéligibilité. C’est le tarif (franchement) léger appliqué par la justice montpelliéraine.

Béatrice Négrier. Vice-présidente (PS) de la Région Occitanie

Béatrice Négrier. Vice-présidente (PS) de la Région Occitanie

Il a fallu attendre plus de deux mois pour que le verdict finisse (enfin) par « fuiter ». Habituellement, les malversations financières des élus se diffusent comme une traînée de poudre. Le dossier Négrier fait exception à la règle. Une exception relative puisque désormais la presse nationale et régionale s’est emparée du sujet.

Au delà des soubresauts médiatiques, l’affaire Négrier prend une tournure politique. Contacté à plusieurs reprises par France 3 Midi-Pyrénées, l’Hôtel de Région ne souhaite pas s’exprimer. En revanche, un élu de l’opposition régionale demande la démission de Béatrice Négrier. Bernard Carayon déclare :

« si la vice-présidente chargée des relations avec les entreprises, les chômeurs, les apprentis et ceux qui cherchent une formation dans la difficulté a un peu d’honneur, elle doit démissionner« .

Le maire de Lavaur (Tarn) et conseiller régional interpelle également la présidente de Région :

« Carole Delga était-elle au courant du comportement de sa vice-présidente ? Si la présidente Delga a un peu d’autorité et une exigence d’éthique, elle doit l’y contraindre (ndlr à la démission) ». 

Pour le moment, la démarche de Bernard Carayon est isolée, aucune position publique du groupe d’opposition (Elus de la droite et du centre) dans lequel siège l’élu tarnais. La fin de la trêve estivale et la rentrée vont probablement changer les choses. L’affaire Négrier risque de s’inviter dans la prochaine Assemblée Plénière du Conseil Régional.

Laurent Dubois (@laurentdub)

 

06 Août

Jean-Michel Baylet règle ses comptes avec « Jazz In Marciac ».

La presse nationale salue la 39eme édition de « Jazz In Marciac ». Le Monde, Le Parisien, L’Express, Challenges évoquent une programmation exceptionnelle et un vrai succès. En revanche le quotidien de Jean-Michel Baylet fait dans le « couac » et parle d’une première semaine creuse. `Le décalage est troublant.

Problème de goûts musicaux ? Pas du tout. Ce n’est pas une affaire d’oreille mais de business et de protocole. Le mauvais traitement de la Dépêche du Midi est lié à une fibre culturelle particulière. Une fibre culturelle version familiale : le sens du clan et un « crime de lèse majesté » envers l’héritier Baylet mais aussi la fin d’un partenariat commercial entre l’entreprise Baylet et « Jazz In Marciac ».

Festival Jazz In Marcia. Photo MaxPPP

Festival Jazz In Marcia. Photo MaxPPP

« Le plus beau festival de jazz du monde ». « Jazz In Marciac : Ahmad Jamal, un monument du jazz enflamme le public». Le journal Le Monde, le quotidien Le Parisien, l’hebdomadaire L’Express, le journal Lacroix et le titre économique Challenges ne tarissent pas d’éloges sur le festival gersois. Belle affiche et affluence. Problème, la Dépêche du Midi décrit un tout autre tableau. Dans un article publié dans l’édition « Grand Sud » du 6 août, le quotidien de la famille Baylet pointe une mauvaise ambiance et une grogne des commerçants. Entre la réalité des faits et la présentation faite par le quotidien de Jean-Michel Baylet, il existe un gouffre.

La patronne de la Maison de la Presse de Marciac, Véronique Berné, relativise la mauvaise humeur des commerçants : « ce sont quelques commerçants et très peu. Je peux montrer mes tickets de caisse. Il y a une très bonne fréquentation journalière ». Un restaurateur est sur la même ligne : « Je n’ai rien à dire. Je suis très content. On travaille bien. J’ai le nez dans le guidon et on bosse. Je n’ai pas entendu parler d’un mécontentement ».

Selon nos informations, il y a bien des grincements de dents du côté de certains commerçants. Mais il est surtout lié au tarif de location des emplacements et, s’agissant de la grogne mise en avant par la Dépêche du Midi, elle est circonscrite à quelques personnes. L’autre clou planté dans la chaussure de « Jazz In Marciac », à savoir la fréquentation et la qualité de l’affiche, est également « tordu ».

Plusieurs journalistes couvrant le Festival démentent catégoriquement le « flop » décrit par le quotidien de Jean-Michel Baylet. Erwan Benezet suit pour Le Parisien, les concerts. Ce n’est pas sa première édition de « Jazz In Marciac ». Il déclare : « La salle est remplie tous les soirs. C’est le même succès qu’en 2015 et même plus haut ». L’envoyé spécial du magazine Challenges, Thierry Fabre dresse le même bilan de la première semaine du Festival : « Autant l’an dernier on aurait pu espérer de meilleures fréquentations pour certaines soirées autant cette année le chapiteau est quasiment plein tous les soirs. Il faut dire que c’est vraiment une belle affiche. D’un point de vue artistique, c’est meilleur que l’an dernier ».

Visiblement, les journalistes de la presse nationale n’assistent pas au même festival que leur confrère de la Dépêche du Midi. En fait, c’est normal car les envoyés spéciaux du Parisien et de Challenges n’ont pas comme patron le fils de Jean-Michel Baylet.

Le ministre n’a pas du tout apprécié l’affront subi par son successeur de fils lors de la précédente saison de « Jazz In Marciac ». Le 25 juillet 2015, Manuel Valls assiste au festival gersois. Jean-Nicolas Baylet est présent mais « relégué » en dehors des premières places. Colère volcanique du père, Jean-Michel, qui vole au secours de l’ego froissé de son fils. Dans la famille Baylet, on ne badine pas avec les feux de la rampe et les fauteuils de prestige. Peu importe que les services de Matignon soient à l’origine de ce terrible faux-pas. Le coupable est désigné : le président-fondateur du Festival, Jean-Louis Guilhaumon.

Avant l’été 2016, les relations entre le groupe de presse Baylet et « Jazz In Marciac » sont déjà tendues. Les premiers mauvais articles tombent. Un papier est particulièrement négatif. Il est signé par un journaliste que personne ne connaît à la Dépêche du Midi. Et pour cause. Selon une source, c’est en fait Jean-Nicolas Baylet qui aurait signé, sous un faux nom, le brulot.

Mais, à cette querelle autour d’un ego, s’ajoute depuis cet été, un autre motif de guérilla. Un motif beaucoup plus sérieux : une perte financière. « Jazz In Marciac » a rompu son partenariat avec le groupe de Jean-Michel Baylet. Nouvelle grosse colère de Jean-Michel Baylet. Et même menace de poursuite judiciaire pour rupture unilatérale de contrat.

La friction prend une toute autre dimension : l’argent. Avant d’être remplacée, l’entreprise de Jean-Michel Baylet gérait la location des emplacements, la sono et la scène. Le business passe à la concurrence.

Pour une source, c’est clair : « Baylet lance une kabbale contre le Festival car il a perdu du business ». Ces propos reviennent en boucle dans la bouche de nombreuses personnes. Ils sont lourds de sens et de conséquences : « un mauvais papier » pour sanctionner une perte de délégation de service public, cela s’appelle en bon français du « trafic d’influence ».

Ce n’est pas la première fois que des élus ou des responsables associatifs se font l’écho de telles « accusations ». Il faut dire que certaines coïncidences sont troublantes. Des communes (Castelsarrasin et Toulouse par exemple) ont coupé leurs budgets publicitaires avec le groupe Baylet. D’un seul coup, les maires de ces villes disparaissent des photos du quotidien régional.

Ces précédents entretiennent un lourd sentiment de suspension et même de tension. On ne compte plus les anecdotes  sur les méthodes « commerciales » et le lobbying acharné de Jean-Michel Baylet. Des anecdotes qui vont du conflit ouvert entre Jean-Michel Baylet et l’ancien maire de Toulouse, Pierre Cohen, au sujet de la délégation de la gestion du Parc aux Expositions jusqu’au démarchage à la hussarde d’une commune du Lot.

Mais, pour la première fois, l’omerta laisse la place à des confidences et des confessions.

« Jazz In Marciac » a permis le retour sur scène d’un monument du jazz, Ahmad Jamal. Mais la 39eme édition du festival gersois écrit également une nouvelle partition : la fin d’une mise en sourdine.

Désormais, les représailles, les coups tordus et le mélange des genres entre presse et business familial, ça ne passe plus.

Comme le précise un élu gersois, « ça suffit ».

Laurent Dubois (@laurentdub)