Pour ceux qui suivent régulièrement nos émissions, ils connaissent le franc-parler de Gérard Ramond. Nous n’avons pas résisté à l’idée d’aller lui demander ce qu’il pensait de la loi Travail mais aussi du plan Marshall de Carole Delga en direction des entreprises du TP et du BTP. Résultat : 100% sans langue de bois.
Le patron des patrons de PME de Midi-Pyrénées n’a jamais caché ses divergences avec le Medef sur un refrain qui lui est désormais bien connu : côté aides de l’Etat, les gros ont tout et nous rien. Pas étonnant donc que son avis sur la loi El Khomri soit tranché : « si on la détricote, il ne restera rien pour nous ».
Si on détricote la loi El Khomri, il ne restera rien pour nous
Et Gérard Ramond de dérouler son argumentaire : « 97,4% des entreprises du privé ont moins de 20 salariés. Elles n’ont donc pas de syndicats. Ces sociétés ne pourront donc pas négocier et seront renvoyées vers des accords de branche. On en revient donc à la logique des grands patrons ». « Depuis le temps que nous demandons un statut propre aux PME… De toute façon, ils se sont donnés encore un temps de réflexion. Si ça se trouve tout ça va encore changer. On ne sait plus sur quel pied danser. Il faut avoir le courage de réformer mais en France, on ne l’a pas. »
Sur ce projet de loi, le Tarn et Garonnais, finalement très réticent à céder sur quoi que ce soit ,se fixe même une « ligne rouge ». « Pour nous c’est la réforme du licenciement économique. Jusqu’à présent, on était systématiquement condamné. Il faut que ça change. De toute façon aujourd’hui, il vaut mieux avoir recours à la rupture conventionnelle pour ne pas se faire laminer ».
La compétitivité avant le code du travail
Quant à durcir les conditions du CDD… « Le CDD c’est important pour tester un salarié. Si le patron est assuré des compétences de son employé et de son carnet de commande, il est évident qu’il va l’embaucher. Au sujet du carnet de commande d’ailleurs, tout le problème est là. Aujourd’hui on nous parle de code du travail. Mais pour embaucher, les patrons ont avant tout besoin de commandes. Et pour cela il faut que l’Etat entame une réelle politique économique pour rendre compétitives nos entreprises par rapport aux autres pays ».
En attendant cette politique nationale souhaitée par Gérard Ramond, des initiatives se mettent en place au niveau des collectivités territoriales, à l’instar du plan Marshall TP et BTP de Carole Delga. Il n’est pas très populaire aux yeux de notre patron de PME : « 800 Millions d’euros ? Mais où va-t-elle les trouver et quand ? De toute façon, une fois encore, ce plan ne bénéficiera qu’aux gros ! »
Propos recueillis par Patrick Noviello