Un meeting ou une réunion publique, c’est confortable. Le public est acquis d’avance et la claque une évidence. Mercredi 2 décembre, la routine a été brisée par un mouvement spontané. Des militants socialistes ont sifflé un partenaire politique de marque : Jean-Michel Baylet.
Le meeting toulousain de la salle Jean Mermoz devait être un point d’orgue. Dernier grand rassemblement midi-pyrénéen avant le 1er tour du dimanche 6 décembre, il n’était pas un meeting comme les autres. Mais, sur le fond ou dans la forme, rien d’extra-ordinaire. Le but était de faire de belles images et d’afficher des bataillons de militants.
A la tribune, le casting était rodé. Martin Malvy, Jean-Michel Baylet, Sylvia Pinel, Carole Delga et Georges Méric (président du département de la Haute-Garonne) doivent se succéder au micro.
Mais, avant Martin Malvy et Carole Delga et après l’intervention de Georges Méric un incident vient perturber le déroulé de la soirée. Des sifflets fusent au milieu du discours de Jean-Michel Baylet.
Le président du PRG a martelé à plusieurs reprises (de manière insistante) les noms de Carole Delga et Sylvia Pinel. Et, à un moment, Jean-Michel Baylet inverse l’ordre. Le patron des Radicaux cite la PRG Sylvia avant la socialiste Carole. Une partie de la salle réagit immédiatement. Une bronca s’élève.
Pour certains des participants, cette version des faits n’explique pas tout.
D’après eux, ce n’est pas simplement la mention lourde de Sylvia Pinel qui est en cause. Plusieurs militants évoquent un oubli coupable : l’absence du moindre mot sur Damien Alary. Jean-Michel Baylet a « trappé » le président socialiste du Languedoc. Tout pour Sylvia et rien pour Damien.
C’est un crime de lèse-languedocien. D’après un militant midi-pyrénéen, c’est du côté de ses camarades du Gard et de l’Hérault que les sifflets se sont massivement exprimés.
Dans l’entourage de Carole Delga, on minimise l’incident. La socialiste a clôturé le meeting. Elle était visiblement agacée. Un agacement qui a, d’ailleurs, nuit à la qualité de son discours. Une irritation liée au manque de diplomatie de Jean-Michel Baylet ? Une irritation liée aux sifflets et à un sentiment de fête gâchée ?
En tout cas, moins de 24 heures après l’incident, c’est profil bas. Du bout des lèvres, on évoque simplement « un discours un peu trop long » du président du PRG.
Cette réserve (version langue de bois) est compréhensible. Impossible d’avouer l’inavouable. Le fait d’associer en boucle « Sylvia à Carole » est transparent. Et forcément exaspérant pour certains socialistes. Jean-Michel Baylet donne l’impression qu’il prépare une mise sous tutelle ou du moins un partage du pouvoir. Et qu’il manigance peut-être un coup de Jarnac pour le 3ème tour, le 4 janvier prochain lors de l’élection de la future présidente de Région.
Cette crainte d’une trahison programmée hante de nombreuses fédérations PS. Sans parler des cicatrices toujours ouvertes s’agissant d’un accord chèrement payé et qui a coûté des places aux socialistes
Sans ces tensions et cette suspicion, Jean-Michel Baylet aurait reçu des roses à la tribune de la salle Jean Mermoz. A la place, il a récolté des épines.
Des épines qui ont fatalement égratignées son ego et qui risquent d’empoisonner une relation déjà compliquée.
Laurent Dubois