Deuxième campagne départementale. Pierre Verdier siège au Conseil Général du Tarn depuis 2008. Mais, pour le maire de Rabastens, la fin de son premier mandat est très particulière. Sivens colle à ses semelles. Le président de la commission « territoires et développement durable » a été au cœur du dossier. Très présent dans les médias, il s’est assis autour de la table des négociations avec Ségolène Royal. Il n’a pas ménagé son temps et son énergie pour essayer de trouver une solution. Mais, pour Pierre Verdier, Sivens ne se limite pas à un conflit long et violent. C’est devenu son territoire. Un redécoupage de la carte électorale a redessiné le canton du conseiller général sortant. Les 14 hectares de la discorde et de toutes les tensions conditionnent désormais son avenir politique. Pierre Verdier, c’est l’interlocuteur « parfait » pour évoquer l’influence de Sivens sur les urnes tarnaises.
Midi-Pyrénées Politiques. Sivens est-il, d’après vous, au centre des préoccupations des électeurs ?
Pierre Verdier. Sivens est très présent dans la campagne. Le sujet revient systématiquement dans les réunions publiques. Mais on arrive également à parler du reste.
Midi-Pyrénées Politiques. Sivens peut-il influencer le vote de mars prochain ?
Pierre Verdier. Oui. Sivens va peser sur les élections. Mais quel peut être l’impact, je l’ignore. Les électeurs vont-ils se dire que cela ne sert à rien de voter pour des conseillers départementaux dont les décisions ne sont pas respectées ? Vont-ils voter pour le FN en se disant qu’il faut des élus autoritaires ? Je n’en sais rien. Mais c’est certain que Sivens va avoir une incidence. En ce qui me concerne, avec mon binôme (Clarisse Oriol) nous essayons d’avoir une attitude responsable en expliquant ce que peut faire ou ne pas faire le conseil général.
Midi-Pyrénées Politiques. D’après vous, Sivens peut-il « polluer» la campagne et nuire à la qualité des débats ?
Pierre Verdier. Oui Sivens pèse négativement. Cela occulte les vrais sujets. Le projet de Sivens est issu d’une action volontaire du conseil général du Tarn. Et, comme on ne connaît pas encore les compétences du département (un projet de loi est en cours de discussion), la construction d’une retenue d’eau risque d’être impossible dans le futur. Réduire l’élection départementale à Sivens est donc totalement réducteur. Il ne faut pas se tromper d’élection. De plus, on reproche certaines choses qui ne sont absolument pas du fait du conseil général mais d’une irresponsabilité au plus haut sommet de l’Etat.
Midi-Pyrénées Politiques. Comment menez-vous votre campagne si Sivens est, en quelque sorte, « hors sujet » ? Vous défendez un programme ?
Pierre Verdier. Nous mettons en avant notre personnalité. On met en avant le fait que notre binôme et nos suppléants (Bernard Miramond et Karine Bernard) travaillent et travailleront ensemble tout au long de la campagne, bien sur, mais aussi au-delà. Mais nous défendons également 5 thèmes que nous nous engageons à défendre au sein de l’assemblée départementale mais aussi à l’extérieur.
Midi-Pyrénées Politiques. Vous tirez une leçon personnelle de Sivens ?
Pierre Verdier. Dans cette affaire, les élus départementaux ont respecté tous les schémas réglementaires et légaux. Mais il aurait fallu faire preuve de plus de pédagogie et expliquer la décision. Pour certains élus, le boulot est terminé à partir du moment ou la décision est prise. Cette manière de faire n’est plus adaptée. Il faut aller au contact de la population avant la prise de décision mais aussi après.
Midi-Pyrénées Politiques. Vendredi, avec les autres élus du conseil général, vous allez vous prononcer sur le projet Sivens. Une idée sur la décision qui doit être prise ?
Pierre Verdier. Je ne sais pas. Mais il ne faut surtout pas que l’on donne l’impression de prendre une posture.
Midi-Pyrénées Politiques. En parlant de posture, vous pensez à l’aile dure des pro-Sivens ? Ceux qui plaident pour la continuation du projet initial ?
Pierre Verdier. Une posture, ce serait de prendre une décision inapplicable ou qui ne donne pas de perspective. A partir du moment où l’on ne dispose plus d’un financement, le fait de prétendre relancer le projet initial est effectivement une posture. Mais le fait de ne pas prendre de décision serait également une posture.
Midi-Pyrénées Politiques. Vous parlez de tensions. D’après vous, le blocage du site de Sivens par les syndicats agricoles constitue une tension supplémentaire ? Vous soutenez leur action ?
Pierre Verdier. L’action en cours permet de canaliser des actions individuelles qui seraient dramatiques. Je ne dis pas que c’est positif car ce n’est pas le rôle des syndicats de faire le travail de l’Etat. Mais je comprends.
Laurent Dubois