En novembre dernier, nous le recevions Laurent Dubois et moi pour une Spéciale « Défenseur des Droits ». Voilà presque un an que j’attendais de faire cette émission avec Dominique Baudis, mais, lui, pendant ce temps, luttait déjà contre la maladie. Un invité pas comme les autres pour moi tant il a jalonné ma carrière professionnelle.
On parle souvent de connivences entre journalistes et hommes politiques, il n’y en avait pas entre nous. Je doute d’ailleurs qu’il en ait eu avec mes confrères et collègues tant il respectait trop notre métier pour cela. Il a d’ailleurs été des nôtres, et de quelle manière, à la fois sur les terrains les plus durs pour montrer et à la fois en plateau pour expliquer.
Il était donc finalement venu au rendez-vous, seul, sans escorte ni cour. Seul face à nos questions dont l’inévitable, sur cette calomnie qui a changé sa vie à jamais. Cette expérience lui a-t-elle donné encore plus envie de défendre les autres comme l’exigeait son ultime fonction ?
« Ce qui ne tue pas rend plus fort » nous avait-il confié, avouant malgré tout qu’il avait souffert. Aujourd’hui qu’il n’est plus là et qu’aucune connivence ne peut nous être attribuée, je dois le dire : j’ai perdu un ou deux amis en le défendant à l’époque de l’affaire Alegre. Je le respectais trop pour le croire capable des horreurs dont on l’accusait.
Ironie de l’histoire, il s’en va alors que celui qui se dit son héritier revient au Capitole. On ne le voyait plus guère dans les rues de Toulouse mais il a du goûter l’ironie des destins. Les temps ont changé, la politique sans doute encore plus. Beaucoup de néo-toulousains ne savent pas qui est Dominique Baudis et pourtant ils ont une partie de son travail sous leurs yeux.
On peut sans doute lui reprocher beaucoup de choses, le suffrage universel est là pour dire qu’il y a des pour et des contre, mais il a été un maire qui restera à jamais ancré dans l’histoire de notre ville.
Il aura certainement un ou plusieurs lieux à son nom. Lui qui l’aimait tant rentrera certainement dans l’histoire d’une façon ou d’une autre, la collective évidemment mais aussi la notre, à chacun d’entre nous, comme ceux qu’ils croisaient et écoutaient dans la rue en notant sur des post-it ce qu’ils avaient à lui demander. Il posait ensuite toutes ses doléances sur son bureau au Capitole et avant chaque réunion avec son staff demandait à ce qu’elles soient étudiées une à une.
À compter de ce jour, beaucoup de toulousains vont à garder dans le coin de leur tête un post-it avec son nom marqué dessus.
Patrick Noviello