« Il n’y a plus qu’en Chine populaire qu’un président de la république convoque la presse pour la faire assister à la signature d’un contrat entre deux entreprises privées ». Ces propos d’un journaliste anglais sont cette semaine retranscris dans « Le Canard Enchaîné » qui titre « Meeting aérien à l’Elysée ».
Je me faisais exactement la même réflexion que ce confrère britannique en voyant tomber les images du « signal » nous provenant de l’Elysée. D’autant que la petite mise en scène politico-économique m’avait légèrement agacé. Au départ, il était question d’une éventuelle venue lundi de François Hollande au siège toulousain de l’avionneur dans le cadre de la semaine de l’industrie. Un évènement finalement maintenu mais simplement comme le stipulait le communiqué de presse « sous le haut patronage de François Hollande » autrement dit en son absence.
Puis il fut question d’ « un accord industriel majeur » défloré dans un article des Echos qui évoque aux aurores lundi « un des plus gros contrats de l’histoire » qui doit être officialisé sous les ors de la République sans citer de sources. L’Agence France Presse relaie l’info mais Airbus et la présidence de la République se refusent au moindre commentaire.
Nous, télévisions, nous doutions bien de quelque chose, puisque dès dimanche après-midi, un mail nous informe d’une rencontre lundi matin à l’Elysée entre François Hollande et le PDG d’Airbus Fabrice Brégier. Un entretien retransmis en image via la coordination des voyages officiels. Mais à ce moment-là, nul allusion à Lion Air et à un contrat record.
Lundi peu après 10h30 donc apparaît la première image, la même fournie à l’ensemble des télévisions françaises, et un troisième personnage : Rusdi Kirana, PDG et cofondateur de Lion Air, une compagnie indonésienne. 234 avions vendus et 18 milliards plus tard, on apprendra que Lion Air est interdite de vol en Europe et aux USA. Information bien évidemment non relayée lors de la cérémonie élyséenne…
Alors, cette mise en scène politico-économique sonne-t-elle le départ d’une longue série de contrats solutions à la crise ? Nicolas Sarkozy se présentait volontiers comme un VRP de la France, on se souvient notamment de son voyage officiel en Chine. Est-ce aussi le nouveau crédo de François Hollande ? Après le ministre du redressement productif en marinière, à quand le Président en uniforme de commandant de bord…
Patrick Noviello