En 2008, l’enseignant columérin avait refusé d’appliquer l’aide personnalisée telle que demandée par le ministère Darcos. En lieu et place, il avait dispensé un atelier théâtre à ses élèves, devenant ainsi le symbole des « enseignants désobéisseurs ». Le tribunal administratif de Toulouse vient de rejeter la requête d’annulation des sanctions qui lui ont été infligées. Réaction.
Alain Refalo enseigne toujours à Colomiers. Dans son combat, il aura perdu « deux échelons » administratifs dans sa fonction et « 27 journées de salaires pour service incomplètement fait ». C’est ce que vient de confirmer le tribunal administratif de Toulouse. « J’avais argumenté sur la liberté pédagogique. Je n’ai pas été entendu » explique l’enseignant. Lui reste un recours possible : le conseil d’Etat. Des années de procédures en prévision, il préfère renoncer.
De toute façon, il estime son combat gagné. « Les faits nous ont donné raison. Les aides personnalisées vont être abandonnées à la rentrée prochaine. J’ai le sentiment du devoir accompli ». Alain Refalo ne serait toutefois pas opposé à un « geste » de la part de Vincent Peillon. Comme, lui, une dizaine d’autres enseignants désobeisseurs ont reçu une sanction disciplinaire. « Un geste d’apaisement, de réconciliation » pour effacer ces sanctions serait un bon moyen de commencer à combler « le fossé qui s’est creusé entre la hiérarchie et les enseignants ».
D’autant que tous les différends ne sont pas aplanis. Si Alain Refalo est, comme l’actuel ministre de l’Education Nationale, favorable à une « refondation de l’école de la république », pour lui « il y a une erreur de méthode ». « On est en train de préparer de nouvelles injonctions où nous risquons d’être à nouveau de simples exécutants qui devrons obéir en dépit du bon sens ». Pour exemple, les activités pédagogiques qui seront mises en place l’année prochaine en lieu et place des évaluations personnalisées. « Deux fois une demi-heure par semaine… Qui peut mettre en place une activité sur trente minutes ! C’est méconnaître le terrain » regrette le professeur des écoles de Colomiers.
Alain Refalo redoute aussi que ce soit « l’intérêt matériel des communes qui passe avant celui des élèves » dans l’application des rythmes scolaires. Pour l’heure, le dialogue est rompu avec le ministère depuis cet été. « En juillet, nous avions été reçus à Paris avec une délégation, une première » mais depuis plus rien… Le combat continue.
Patrick Noviello