Que peut-on retenir de ces trois jours au parc des Expositions ? Annoncé comme un congrès de « rassemblement » pour les socialistes, « joué d’avance » pour certains notamment les non-signataires de la motion 1 majoritaire, il n’a finalement réservé que peu de surprises. Il y a toutefois eu des signes qui ne trompent pas sur l’état des troupes.
« On est à Toulouse, la ville de Jean Jaurès, il n’a pas toujours cherché à plaire, c’était un esprit libre, très libre » martèle à la tribune Harlem Désir. Le nouveau premier secrétaire du PS est-il aussi libre ? Rien n’est moins sûr. Sa mission première a été de défendre les premiers mois d’exercice du gouvernement pour se « serrer les coudes » autour de Jean-Marc Ayrault. Un soutien tellement fort et ressassé qu’il en paraissait presque suspect. Tout au long du week-end, de nos émissions et de nos éditions, ce sont les mêmes éléments de langages qui ont été énoncés par les élus et les militants. Ont-ils été fournis avec le kit du parfait congressiste socialiste ?
Dans « La Voix est Libre » Kader Arif s’est dit agacé par les procès d’intention qui sont faits à la majorité présidentielle. Le ministre délégué aux anciens combattants s’affirme toujours prêt à riposter sur ces attaques largement menées par la droite mais il veut aussi parler du fond et des chantiers déjà menés par le gouvernement. Philippe Martin, toujours dans notre émission, préfère utiliser le langage rugbystique pour préconiser un « jeu collectif » et un « pack soudé ».
Absent de nos émissions spéciales, le PRG pourtant très présent dans notre région et également dans la majorité présidentielle est resté très discret. Jean-Michel Baylet et Sylvia Pinel ont d’ailleurs décliné nos invitations à venir débattre.
L’aile gauche du PS, elle, a en revanche occupé le terrain sur ce congrès, à la tribune de la salle plénière notamment avec un Gérard Filoche très applaudi. Egalement invitée à prendre la parole une délégation syndicale de Sanofi. Et puis quelques rappels à l’ordre ont fusé de la part de certaines personnalités du Parti comme Elisabeth Guigou, pour ne pas oublier les dossiers essentiels comme le soutien plein et entier aux industries fermées ou encore le vote des étrangers aux élections locales.
Et au cas où ces rappels courtois n’auraient pas suffi quelques manifestations occupaient le pavé toulousain. Curiosité locale, seuls les patrons, CGPME en tête, sont parvenus jusqu’au parvis pour crier leurs doléances, de même que des salariés de France3 Région qui avaient déployé une banderole sur leur plateau TV provoquant l’ire du service d’ordre du PS.
Un autre sujet qui fâche : le cumul des mandats. Il ne fut pas oublier, loin de là : « Courage mes camarades, encore un petit effort, on va y arriver » scande Martine Aubry. Martin Malvy, sur notre plateau, demande « un véritable statut de l’élu » qui mette les édiles à l’abri en cas de défaite électorale et de brusque retour à la vie civile. Paul Quilès lui rappelle ironiquement, qu’alors qu’ils étaient tous deux ministres, un rapport avait été commandé sur le sujet par Mitterrand. Il doit certainement caler une armoire à l’heure qu’il est…
Et les militants dans tout ça ? Eux aussi reconnaissent que ce n’était pas un congrès des grands jours ou plutôt des grands soirs. Certains demandent plus d’indulgence à l’égard de Jean-Marc Ayrault, d’autres voudraient que ça aille plus vite. « Ils ont besoin d’être rassuré » prévient le plus en plus populaire Manuel Valls. Parmi les stars de ce congrès justement, on notera le retour de Ségolène Royal au moment où Martine Aubry se met en retrait. Royal qui décidément est toujours très visible lors de ses passages toulousains. Lors du meeting de François Hollande, place du Capitole, en mai dernier, elle avait été la seule parmi les ténors socialistes à s’offrir un bain de foule.
Harlem Désir quant à lui s’est fait désirer, dès l’ouverture du congrès qu’il ouvrira avec une heure de retard, la salle plénière aurait, parait-il été insuffisamment remplie, ce qui aurait occasionné cette temporisation du patron du PS. Il aura mis huit jours à répondre négativement à l’invitation que nous lui avions lancée pour notre émission spéciale. Ce qui n’empêche pas le nouveau patron des Socialistes de citer encore Jaurès : « le courage c’est de rechercher la vérité et de la dire ». A-t-il véritablement la main pour se placer dans cette optique ? Ces prochains mois de mandats nous le diront.
Patrick Noviello