Mercredi 15 avril, à 9 heures 30, le bureau du Sénat va se prononcer sur l’immunité parlementaire d’Yvon Collin. Le procureur général de Lyon, Sylvie Moisson, demande sa levée. Le sénateur du Tarn-et-Garonne est visé par une enquête (menée par le SRPJ de Toulouse mais délocalisée en Rhône-Alpes) pour des faits de corruption.
Le parlementaire est soupçonné d’avoir perçu 40 000 euros en échange d’un recrutement au conseil général de son département. Cette affaire judiciaire a de forts relents politiques. Yvon Collin, ancien lieutenant de Jean-Michel Baylet, est devenu le meilleur adversaire du patron du PRG. Ce dernier n’hésite pas à qualifier le cas d’Yvon Collin « d’accablant » et estime qu’il faut « assumer les conséquences de ces actes même les plus délictueux ».
Dans une interview exclusive, Yvon Collin explique pourquoi il demande (à l’instar de la Justice) la levée de son immunité parlementaire et il précise sa ligne de défense. D’après nos informations, des membres du bureau du Sénat (seule autorité compétente pour se prononcer) trouvent le dossier « quasiment vide » et disent : « on n’est pas sûrs de prononcer la levée ».
La décision sera prise à la majorité des 26 membres du bureau parmi lesquels le président du Sénat, Gérard Larcher et le sénateur (PRG) des Hautes-Pyrénées, François Fortassin.
Yvon Collin-Sénateur du Tarn-et-Garonne
Midi-Pyrénées Politiques – Pourquoi avez-vous demandé la levée de votre immunité parlementaire ?
Yvon Collin – Cela m’est apparu comme une évidence. Face à l’absence et à l’impasse du dialogue de l’enquête préliminaire, je préfère l’échange et le contradictoire avec un juge d’instruction qui nous amènera, j’en suis convaincu, à la lumière de la vérité et prouvera ma totale innocence dans ce dossier.
Midi-Pyrénées Politiques – Quel est votre état d’esprit ?
Yvon Collin – La sérénité et la combativité pour faire face à des accusations calomnieuses dénuées de tout fondement.
Midi-Pyrénées Politiques : Quelle va être votre ligne de défense ?
Yvon Collin – En l’état des informations que je possède et qui sont issues du quotidien de monsieur Baylet, on insinue que j’aurai, si j ai bien compris, perçu de l’argent pour permettre à un jeune homme d’accéder à un emploi. Une telle accusation vise à me nuire et à me décrédibiliser. Elle est totalement stupide. Je fais de la politique par passion depuis plus de 40 ans et seul l’intérêt général a guidé depuis l’origine mon parcours. Les grand électeurs du Tarn-et-Garonne qui m’ont au premier tour accordé leurs suffrages aux dernières élections sénatoriales prouvent combien ils reconnaissent en moi un homme probe et au service de tous.
Affirmer aujourd’hui que je serai corrompu est aussi stupide que grotesque…
Au cours de mes différents mandats ou fonctions, j’ai eu la possibilité de permettre à plus de 300 personnes d’être recrutés dans différentes collectivités, conseil général, mairie ou communauté de communes.
Il suffit d’interroger chacune d’entre elles pour savoir si oui ou non, j’aurai perçu en échange quelques avantages !
J’espère que la justice fera son travail. Pourquoi aurai-je pris de l’argent qui plus est de quelqu’un que je connais bien alors que je n’en ai nullement besoin et que par ailleurs mon histoire personnelle et ma réputation ont toujours mis en exergue ma probité et mon altruisme.
Je procéderai donc à des demandes d’actes me permettant de justifier ce que j’affirme. Mon honneur est en jeu, pour mon épouse, pour mes enfants, pour mes collègues parlementaires, pour mes amis et pour moi-même. La vérité doit effacer les dégâts et les méfaits de la suspicion illégitime et des accusations infondées.
Le dénouement terrible qui a vu le suicide de mon confrère et ami, le sénateur Jean Germain, injustement accusé et traîné dans la boue doit amener chacun d’entre nous à avoir plus de retenue…
Il est douloureux et terrible, d’être rattrapé par de fausses rumeurs alimentées par une presse nauséabonde et au service toujours dans notre département du même homme.
Midi-Pyrénées Politiques – Cette affaire a donc une dimension politique ?
Yvon Collin – Comment en douter ? La révélation de celle-ci dans la Dépêche du Midi, à l’initiative de monsieur Baylet et à la veille d’un scrutin (NDLR : les élections départementales) très important pour moi prouve, s’il en est besoin, l’instrumentalisation à des fins partisanes de ce dossier.
Il en est de même de la procédure. Il est affligeant de constater que ce n’est même pas la victime présumée qui a porté plainte dans la mesure ou elle s’est rétractée mais un proche de monsieur Baylet, un de ses nombreux inféodés comme malheureusement notre département en dénombre beaucoup, qui sous le prétexte de l’intérêt général va saisir le parquet d’un dossier où il est lui-même tiers à la procédure. C’est consternant.
Que penser aussi de la délocalisation du dossier, non pas à Toulouse ou Bordeaux comme il est d’usage en la matière. A cet égard, il est utile de rappeler que tous les contentieux qui ont jalonné la vie politique de monsieur Baylet, et ils ont étaient nombreux, se sont déroulés à Toulouse ou à Bordeaux mais pas à Lyon !
L’acharnement judiciaire dont je fais l’objet est le prix à payer de ma liberté. Monsieur Baylet n’a pu obtenir ma mort politique : il veut donc porter atteinte et par tous moyens à ma dignité d’homme. Je ne me laisserai pas faire !
Propos recueillis par Laurent Dubois