Louis Aliot, Maithé Carsalade et Chantal Dounot-Sobraques (Photo : MaxPPP)
Elle s’était déjà affichée aux côtés de Louis Aliot, tête de liste régionale du Front National, lors d’une conférence de presse à Toulouse le 14 septembre mais cette fois elle a franchi le cap : Maithé Carsalade, 72 ans, ancienne adjointe centriste à la mairie de Toulouse, sera la tête de liste du Front National en Haute-Garonne pour les prochaines élections régionales de 6 et 13 décembre.
Maithé Carsalade a été élue conseillère municipale dès 1983 sur la liste de Dominique Baudis à la mairie de Toulouse, puis avec Philippe Douste-Blazy. Entre 2004 et 2008, elle était adjointe de Jean-Luc Moudenc chargée des affaires scolaires. Militante UDF, candidate aux législatives en 2007 puis en 2012, elle avait rejoint le Nouveau Centre d’Hervé Morin, avant la fondation de l’UDI.
Sur facebook, elle avait expliqué le 15 septembre dernier les raisons de son ralliement à Marine Le Pen, faisant notamment référence au « grand remplacement », cette théorie d’extrème-droite selon laquelle les immigrés viendraient peu à peu à « remplacer » la population française :
Pourquoi j’ai rejoint Marine Le Pen ? Parce que le Front National est le seul parti qui prenne en compte les préoccupations des Français, qui défende la France que j’aime, une France Libre, une France Souveraine, une France Protectrice.
J’ai beaucoup donné de moi-même à mes compatriotes pendant plus de 25 ans en tant que Maire Adjoint et Maire de quartier à Toulouse, sans jamais demandé leur appartenance politique aux personnes que j’ai aidées. Aujourd’hui, je ne peux que constater le recul de notre pays dans bien des domaines, éducation, santé, emploi, agriculture, immigration. Je n’accepte pas le « grand remplacement » programmé. Je veux que mes petits enfants ne subissent aucune pression morale ou intellectuelle pour obtenir une place en crèche, un emploi.Je n’ai pas accepté qu’on refuse d’inscrire dans la constitution européenne que l’Europe a des racines judeo-chrétienne, je n’ai pas accepté qu’une partie de la droite me demande de voter socialiste aux dernières élections…C’est sans doute mon dernier combat, mais je le mène avec toute ma foi, toute ma sincérité. Merci d’avoir lu mon message. »
Une sacrée « prise de guerre » pour Louis Aliot. En confiant la tête de liste à cette ancienne UDF, le député européen frontiste dépose une énorme pierre dans le jardin du candidat des Républicains Dominique Reynié et du maire de Toulouse Jean-Luc Moudenc. Il montre ainsi qu’il existe une certaine porosité entre la droite traditionnelle (et même le centre) et le FN : des élues ou ex-élues n’hésitent plus à rejoindre le FN et même à prendre les rênes de listes départementales. De quoi décontenancé l’électorat traditionnelle de la droite !
D’autant que dans la foulée, une autre ex-élue de droite franchit aussi le Rubicon : Chantal Dounot-Sobraques, ancienne adjointe au maire et ancienne secrétaire départementale de l’UMP de Haute-Garonne, présentée comme une « amie » par Louis Aliot, sera en troisième position sur cette liste départementale, juste derrière le secrétaire départemental du FN Julien Léonardelli.
Dominique Baudis doit se retourner dans sa tombe » (Laurence Arribagé)
Sollicité par nos soins, Jean-Luc Moudenc, le maire LR de Toulouse, a indiqué qu’il ne souhaitait pas réagir à ces informations.
Réaction en revanche de Laurence Arribagé, députée et présidente par intérim des Républicains de Haute-Garonne : « Dominique Baudis doit se retourner dans sa tombe, lui qui avait toujours inscrit son action publique dans les valeurs humanistes ».
Fabrice Valéry et Laurent Dubois