Quand nos villages ne s’appartiennent plus… Dernier exemple en date, la commune de Laguiole en Aveyron Le village a perdu l’usage commercial de son nom. Ainsi en a décidé, le 13 septembre dernier, le tribunal de grande instance de Paris. Un petit entrepreneur du Val de Marne peut ainsi commercialiser sous l’intitulé Laguiole des produits fabriqués en Chine. Il est en effet détenteur officiel du nom « Laguiole ». Thierry Moysset, gérant de la forge aveyronnaise, ne peut lui, en revanche commercialiser aucun autre produit que ses couteaux sous le nom de sa commune. Ubuesque ? Non, légal.
Lundi, Sylvia Pinel est donc allée soutenir les artisans locaux en leur promettant une IGP (Indication géographique Protégée). Aujourd’hui cette certification ne vaut qu’en agriculture ou viticulture, la ministre déléguée à l’artisanat souhaite l’étendre aux produits manufacturés.
Son objectif : « protéger nos savoir-faire et nos emplois ». Les 1300 habitants de Laguiole pourront ainsi, d’ici quelques mois voire années, commercialiser sous le nom de leur commune des produits certifiés.
Mais cette IGP n’empêchera en rien l’entrepreneur du Val de Marne de continuer à vendre sous la marque Laguiole des produits fabriqués en Chine ! Et le cas se présente également, sous des modalités différentes certes, mais dans le même (mauvais) esprit, sur une marque de préservatifs estampillés « Condom » jouant sur le nom de la commune du Gers.
Alors à quand un « Gaillac » ou un « Roquefort » made in China ? La France n’est pas le seul pays dépossédé, l’Italie avec son jambon de Parme a du, elle aussi en son temps, défendre son bout de gras. Et il y aura à Laguiole, comme ailleurs, encore bon nombre de batailles de nom…à couteaux tirés.
Patrick Noviello