03 Avr

Manuel Bompard, directeur de campagne de Mélenchon : « le chantage à l’unité ne fonctionne plus »

Deuxième présidentielle pour Jean-Luc Mélenchon et son directeur de campagne, le Toulousain Manuel Bompard. Quelle différence entre la cuvée 2012 et l’épopée de 2017 ? Sur quoi repose la percée de Jean-Luc Mélenchon dans les sondages ? Quelles réactions face aux accusations de division de la gauche ? Réponses de l’homme-orchestre, en charge de l’organisation et de la communication du leader de la France Insoumise.

Manuel Bompard (photo : MaxPPP)

Manuel Bompard (photo : MaxPPP)

Le Blog Politique. C’est votre première campagne en tant que directeur. Mais vous étiez déjà aux côtés de Jean-Luc Mélenchon pour la présidentielle de 2012. Quelle différence entre 2012 et la présidentielle de 2017 ?

Manuel Bompard. La campagne de 2017 est beaucoup plus mouvante et incertaine que la campagne de 2012. En 2012, en avril, on connaissait déjà les deux candidats qui avaient le plus de chance de se qualifier. En 2017, toutes les hypothèses sont ouvertes. La campagne est incertaine. Des hypothèses que l’on croyait impossible, ce sont réalisées. Comme par exemple la victoire de Hamon ou de Fillon aux primaires.

Le Blog Politique. Quelle différence entre le Mélenchon de 2012 et le Mélenchon de 2017 ?

Manuel Bompard. Nous avons désormais l’expérience d’une campagne présidentielle. Trois semaines avant le 1er tour, nous étions émoussés en 2012. Nous avons mieux planifié les choses. Du coup, Jean-Luc a encore de l’énergie. Nous avons également mieux géré les ressources financières pour pouvoir organiser des réunions publiques et des meetings. Nous avons mieux anticipé.

Le Blog Politique. Un proche de Benoît Hamon qualifie Jean-Luc Mélenchon de showman. Comment réagissez-vous à ce genre de critique ? Jean-Luc Mélenchon s’est juste du spectacle ?

Manuel Bompard. Nos meetings sont pleins et les gens qui se déplacent viennent écouter pour apprendre. Ils ne se déplacent pas pour applaudir en cadence. Nous faisons une campagne pédagogique, instructive. Parler de spectacle, c’est assez méprisant.

Le Blog Politique. La presse parle du phénomène Mélenchon, avec une percée et une poupée dans les sondages. Comment expliquez-vous ce phénomène Mélenchon ?

Manuel  Bompard. Il y a un effet Mélenchon. C’est factuel. C’est inscrit dans les sondages, même si nous faisons toujours un retour critique s’agissant des études d’opinions. Mais il y a des signes qui ne trompent pas. Sur notre site, nous avons 350 000 appuis citoyens. Ce n’est pas rien. Le chiffre est important. Mais il y a aussi le succès des meetings. Cela fait plus d’un an que nous sommes en campagnes. Ce travail de fond porte ses fruits.

Le Blog Politique. Benoît Hamon estime que vous avez refusé la main tendue. Il estime que l’absence d’une union à gauche est de votre responsabilité. Une réaction ?

Manuel Bompard. La main tendue de Hamon, c’est la veille tactique consistant à faire endosser le mistigri de la désunion à un autre. C’est une erreur. C’est la vieille tactique du chantage à l’unité. Elle est démonétisée. Elle ne fonctionne plus après un quinquennat et la présidence de François Hollande.

Le Blog Politique. Le PS vous accuse d’être animé par une obsession : tuer le parti socialiste. Une réaction ?

Manuel Bompard. ça ne correspond pas à notre état d’esprit. La présidentielle de 2017 est la plus importante élection présidentielle de la Ve République. Notre objectif n’est pas de régler des comptes. Nous sommes à la 4ème place dans les intentions de vote. Notre objectif est de passer à la 3ème puis en tête de la présidentielle.

Le Blog Politique. Jean-Luc Mélenchon va tenir son dernier meeting à Toulouse. Il a débuté son année politique, en septembre dernier, à Toulouse. C’est vous, le toulousain, qui « vendait » la ville Rose à Jean-Luc Mélenchon ?

Manuel Bompard. Toulouse est une ville avec un climat et une ambiance. C’est une ville très politique. Elle est bercée par l’histoire des républicains espagnols. Elle a également un passé syndical. Jean-Luc Mélenchon a toujours été très bien accueilli et nous avons fait des scores électoraux importants. Jean-Luc Mélenchon aime bien Toulouse.

Propos recueillis par Laurent Dubois (@laurentdub)