30 Jan

Le « ni-ni » de Sylvia Pinel : ni Hamon, ni Macron

Dimanche 29 janvier, Benoît Hamon a remporté le second tour de la primaire organisée par le PS. A peine les résultats connus, Sylvia Pinel a écrit aux cadres et aux militants de son parti. La présidente du PRG soutenait Manuel Valls et elle a immédiatement tiré les conclusions de l’écrasante victoire de Benoît Hamon. Sylvia Pinel parle d’une sanction de la politique menée depuis 2012 par François Hollande et Manuel Valls. Mais elle réaffirme surtout l’incompatibilité politique entre le projet de Benoit Hamon et la ligne des radicaux de gauche. La présidente du PRG met également en garde contre les ralliements à Emmanuel Macron.

Sylvia Pinel et Benoît Hamon, en 2013, alors collègues au gouvernement (Photo : MaxPPP)

Sylvia Pinel et Benoît Hamon, en 2013, alors collègues au gouvernement (Photo : MaxPPP)

Le courrier ne s’est pas fait attendre. Le texte est ciselé. Il est possible que sa rédaction soit antérieure à la promulgation des résultats. Mais un fait est évident. A peine la défaite de Manuel Valls consommée, Sylvia Pinel a immédiatement écrit à ses camarades de parti. La lettre débute par un constat et un acte de contrition  :

Ce soir les électeurs de gauche ont sanctionné la politique menée depuis 2012. Présents dans tous les gouvernements depuis l’élection de François Hollande, partie prenante à l’Assemblée comme au Sénat de la majorité des politiques menées, nous portons certainement une part de responsabilité dans la défaite.

Le mea culpa est léger et relève du service minimum. Mais Sylvia Pinel reconnaît un fait indéniable : la défaite de Manuel Valls est également la défaite du PRG. De Sylvia Pinel en passant par Jean-Michel Baylet, Annick Girardin et Thierry Braillard, plusieurs figures PRG ont participé aux gouvernements de François Hollande. Mais ce n’est pas cet aveu qui constitue le cœur du courrier de Sylvia Pinel. Une phrase est beaucoup plus lourde de sens :

Le candidat issu des primaires citoyennes ne porte pas aujourd’hui un projet en phase avec notre programme.

Sylvia Pinel tempère un peu le verdict (« hormis en matière de droits sociaux »). Mais il est sans appel. Ce n’est pas surprenant. La présidente du PRG et une (large) partie de son parti revendiquent une ligne sociale-libérale. Le scénario catastrophe que refusait d’admettre Sylvia Pinel se réalise. Le PRG est lié par les résultats de la primaire puisqu’il a accepté de participer à la compétition. C’est la loi du jeu et du genre. Bref, les radicaux de gauche doivent soutenir le vainqueur même s’il s’appelle Benoît Hamon. La pilule est amère et difficile à avaler.

Mais ce n’est pas le pire. Dans la galerie des « horreurs » politiques (version PRG), la place d’honneur n’est pas occupée par Benoît Hamon. C’est Emmanuel Macron qui « bénéficie » de ce statut. Ce n’est pas la première fois que Sylvia Pinel recadre ses troupes et clou au pilori Emmanuel Macron. Mais la fin de la primaire fait monter la pression. Des parlementaires PRG ont rejoint Emmanuel Macron avant l’élection de Benoît Hamon. Mais le mouvement risque de s’amplifier. Selon nos informations, au moins 25 présidents de fédérations départementales sont prêts à rallier l’ancien ministre de l’Economie. Plusieurs personnalités du parti ont déposé des candidatures pour un « dossard » Macron aux législatives.

Dans son courrier Sylvia Pinel est tranchante. L’appel lancé par le patron des sénateurs de son parti, Jacques Mézard, est ouvertement épinglé :

Comment prétendre que les appels à signer ou à voter pour un autre candidat que celui de son parti relèvent d’un militantisme exemplaire ?

Mercredi 8 février, un conseil national doit se tenir. La question des « dissidents » pourrait être abordée. Des sanctions peuvent tomber. L’exclusions d’un député-maire a déjà été prononcée. Cette pratique est assez nouvelle et elle est en rupture avec une « jurisprudence » Baylet. A plusieurs reprises, dans le cadre de plusieurs scrutins, l’ancien président du PRG se contentait de prononcer des « mises en congés ». En cas de victoire ou même de défaite, la « brebis égarée » pouvait toujours rentrer au bercail. Le PRG est un petit parti. Autant éviter les « hémorragies » et les pertes de cotisations qui vont avec.  La nouvelle équipe, constituée autour de Sylvia Pinel, est moins « subtile ». Le couperet tombe plus facilement. Même si, passé un certain seuil, les exclusions ne pourront pas se multiplier.

En attendant, Sylvia Pinel mobilise ses troupes. La présidente du PRG annonce l’investiture d’un « maximum de candidats aux législatives« .

Pour la présidentielle, Sylvia Pinel est enfermé dans un Ni-Ni, « Ni Hamon, Ni Macron ». Il lui reste donc une seule option le « Et-Et » : Et le PRG et le PRG !

C’est pas gagné.

Laurent Dubois (@laurentdub)