Dimanche 22 octobre, le magazine de France 3 Midi-Pyrénées, Dimanche En Politique a lancé le débat sur les Etablissements Pour Personnes Âgées Dépendantes (EPAHD). Autour de la table, face aux caméras, la députée (LREM) de la Haute-Garonne, Monique Iborra, et la députée (PS) du Gers, Gisèle Biémouret. Les deux invitées deviennent interviewers et s’interpellent. Les questions posées dépassent le cadre de l’émission « Personnes Âgées Dépendantes : état d’urgence« . Elles portent sur la formation professionnelle et le transfert du RSA à l’Etat.
Gisèle Biémouret : Que pensez-vous de l’idée du gouvernement de proposer une loi sur la formation, l’apprentissage, l’assurance chômage, en particulier sur leurs intentions en matière de formation et des liens avec les régions. Une question que vous avez suivi en tant que conseillère régionale.
Monique Iborra :
En ma qualité de députée, j’ai suivi 2 réformes de la formation professionnelle, et plusieurs de l’apprentissage. Les unes proposées par la majorité de Droite, les autres par la majorité de Gauche. Aucune jusqu’à ce jour n’ont été efficientes. En ma qualité de 1ère Vice-présidente du Conseil régional, j’ai vécu la décentralisation relative aux Régions, de ces compétences par les uns, la recentralisation de ces mêmes compétences pour les autres.
Ces différentes expériences d’élue régionale et de députée m’incitent à penser que des réformes en profondeur sont indispensables et ne doivent pas se résumer à des modifications institutionnelles, d’inspiration technocratique qui privilégie le pré carré des uns ou des autres acteurs institutionnels : Etat, partenaires sociaux, Régions. La décentralisation de l’apprentissage et du service public de l’orientation aux Régions reste pour l’instant très décevante, on a modifié les contenants, on n’a rien changé au contenu. La taille des Régions aujourd’hui, la lenteur des décisions, la dispersion de leurs interventions ne facilitent pas la simplification souhaitée par tous.
Les Régions demandent aujourd’hui un « choc de simplification » en proposant un Contrat de Plan de Formation et d’Orientation. Si les réformes envisagées restaient entre les mains de « spécialistes institutionnels », je pense qu’elles n’auraient aucune chance d’être efficaces car trop peu opérationnelles. Elles doivent être comprises et entendues par tous. Les branches professionnelles mais également les entreprises doivent s’investir sur le sujet au-delà de la défense d’intérêts catégoriels.
Former, se projeter dans l’avenir, dans les métiers de demain, c’est aussi un défi qu’elles doivent relever en s’adressant aussi et directement aux citoyens… Cela nécessite aussi pour certains un changement de culture. Sur l’assurance chômage, Le projet du Gouvernement qu’ Emmanuel Macron a décrit pendant les élections présidentielles est ambitieux et pour certains, « révolutionnaire ». Il s’agit en effet d’instituer un nouveau régime de « chômage universel », s’appliquant aux indépendants (artisans, commerçants, professions libérales, agriculteurs,…) et donc plus uniquement aux salariés. Nous ne sommes pas encore destinataires à l’Assemblée nationale du projet de loi, nous échangeons avec les cabinets ministériels concernés, mais il est trop tôt aujourd’hui, pour que je donne mon avis sur le sujet.
Monique Iborra. Etes-vous d’accord pour que l’Etat récupère la compétence RSA tel que cela a été proposé hier par Manuel Valls, aujourd’hui par le Gouvernement ? Si non, pourquoi ?
Je suis très attachée à la décentralisation donc mon souhait est que le département garde le versement de l’allocation pour lui permettre de s’investir dans une bonne prise en charge de l’insertion et du suivi des publics. C’est la collectivité de proximité avec les travailleurs sociaux très impliqués. Il faut simplement que l’état compense à l’Euro près ce qui est possible puisque une recentralisation l’obligerait à le faire.