Le parti Les Républicains traverse des turbulences en Haute-Garonne. Des délégués de circonscriptions démissionnent. De son côté, la fédération départementale se prépare à exclure un délégué « historique ».
La série noire continue chez LR31. Six mois après le départ de l’une de ses figures, la droite toulousaine subit une nouvelle série de démissions. Après la démission du maire de Balma, Vincent Terrail-Novès, c’est au tour de cadres du parti de quitter le navire. La déléguée de la 9ème circonscription, Mathilde Iclanzan, vient d’adresser aux adhérents. Elle quitte ses fonctions. Dans les prochaines semaines, sur les 5ème et 1ère circonscription, deux autres démissions doivent suivre.
Dans le même temps, la fédération départementale, présidée par Laurence Arribagé, s’apprête à exclure un autre délégué. Une figure « historique » qui milite à droite depuis le RPR de Jacques Chirac. Cette « démission d’office » soulève une vague d’indignation dans les rangs des militants de la 2ème circonscription.
Laurence Arribagé précise :
Roger n’assurant plus sa mission depuis plus de 18 mois, 16 membres de son comité de circonscription (sur 20) nous ont contactés par courrier en nous demandant la nomination d’un chargé de mission pour assurer l’intérim jusqu’aux prochaines élections internes. En effet, depuis plus d’un an, Roger ne souhaitant plus s’occuper de la mission pour laquelle il a sollicité la confiance de ses adhérents, il ne participe plus aux réunions et ne souhaite plus nous rencontrer. Cette situation regrettable ne doit pas impacter la volonté de ses adhérents de rester actifs et mobilisés. Il n’y a donc aucune exclusion mais un constat simple d’un abandon de poste que nous regrettons forcément.
Le principale concerné, Roger Savoye, n’a pas le même vision faits et met ouvertement en cause Laurence Arribagé :
La présidente et la nouvelle secrétaire départementale ont systématiquement fait obstacle à mes actions…le candidat que nous avions préparé et avec lequel nous travaillions intensivement depuis 5 ans pour les législatives a été soudainement écarté au profit de la secrétaire départementale elle-même. J’ai reçu dans diverses réunions des signes de mépris quant à mon action et quant à mes positions. Je considère que, depuis leur arrivée, je n’avais plus les moyens d’assurer ma mission de délégué de circonscription. Mais j’ai tenu bon. J’étais membre du comité de soutien de François Fillon, et peut-être est-ce ce que je paie aujourd’hui. La présidente et la secrétaire départementale ont mis en place des pratiques très contestables en supprimant la concertation et la discussion, en empêchant aux délégués de circonscription de jouer leur rôle, en refusant de se remettre en question. De nombreux militants de la 2ème circonscription nous ont quitté. Même les délégués de circonscription s’en vont.
Samedi 15 octobre, le comité départemental de LR31 s’est réuni. Une soixantaine de participants sur plus de 200 membres.Ce chiffre résume la situation.
Le parti est démobilisé. Cadres et militants sont désorientés. Ce malaise est lié à la dernière séquence électorale. En juin 2017, les candidats de la droite sur les circonscriptions de la Haute-Garonne n’ont pas seulement été éliminés. Ils ont réalisé des scores inférieurs à 10%. La main tendue de Jean-Luc Moudenc envers Emmanuel Macron a également déboussolé les troupes.
Mais le contexte national et le comportement du maire (LR) de Toulouse n’expliquent pas tout. La direction départementale est ouvertement critiquée. Verrouillage et absence de remise en cause. La gestion du parti par Laurence Arribagé et sa secrétaire départementale, Christine Gennaro-Saint, est pointée du doigt. Dans ce tableau plutôt sombre, il existe toutefois un peu de lumière. Selon un cadre du parti, la 3ème circonscription, gérée par Johnny Dunal, fonctionne et ne connait pas de fuite des adhérents.
Une consolation relative. Un « incident » révèle la profondeur du mal-être. Une hypothèse a circulé dans les rangs du parti. Un élu de la fédération, Damien Laborde, rejoindrait le groupe municipal d’En Marche à Colomiers. Ce ralliement ne susciterait aucune réaction de la part de la direction départementale. Il n’y aurait pas de sanction et le « converti » pourrait conserver l’étiquette LR. Damien Laborde dément catégoriquement et rejette toute velléité de soutien au parti d’Emmanuel Macron. Mais l’existence et la persistance d’un « vrai-faux » départ de Damien Labord montre une chose : le trouble qui règne au sein de la droite toulousaine.
Laurence Arribagé réfute tout malaise interne et précise, s’agissant de Damien Laborde :
Damien Laborde est entré en contact avec notre Secrétaire départementale, Christine Gennaro-Saint, pour évoquer la possibilité de s’associer avec le groupe « En Marche » au sein du Conseil municipal de Colomiers. Damien s’interrogerait sur la compatibilité d’un tel choix avec son statut d’adhérent de notre Mouvement. Nous l’avons informé clairement et sans ambiguïté que s’il faisait un tel choix, nous lui demanderions de prendre ses responsabilités en quittant notre Mouvement. Il est parfaitement faux d’écrire que la Fédération n’aurait aucune réaction. Si Damien ne prenait pas ses responsabilités, la Fédération demanderait son exclusion du Mouvement.
En décembre prochain, Les Républicains doivent élire un nouveau président. Le scrutin est joué d’avance. L’élection de Laurent Wauquiez est plus que probable. A défaut de suspens, le vote interne présente un intérêt : compter les votants et donc évaluer le nombre d’adhérents. Cette comptabilité, hautement politique, sera valable au niveau national. Mais elle s’appliquera également à la fédération de la Haute-Garonne.
Laurent Dubois (@laurentdub)