27 Sep

[L’interview du Dimanche] Marine Le Pen : « Louis Aliot peut gagner »

Week-end médiatique pour Marine Le Pen. En fin de matinée, elle est l’invitée du Grand Jury-RTL-Le Figaro. En cette rentrée 2015, les projecteurs sont braqués sur la présidente du Front National. Des projecteurs à la lumière crue lorsqu’il s’agit de ses péripéties avec son père ou des déboires judiciaires du trésorier du FN. Des projecteurs beaucoup plus lumineux concernant l’avenir politique et personnel de Marine Le Pen. Les sondages indiquent une possible victoire de la présidente du FN dans le Nord-Pas-de-Calais et font souffler un air de conquête dans deux autres régions. Pour la première fois de son histoire, le Front National peut présider une région française. Dans une interview dominicale, Marine Le Pen développe sa stratégie, évoque la question d’accords régionaux avec le parti de Nicolas Sarkozy et explique pourquoi, dans la Grand Région Midi-Pyrénées/Languedoc-Roussillon, Louis Aliot peut gagner.

Marine Le Pen, présidente du Front National et tête de liste régionale dans le Nord-Pas-de-Calais

Marine Le Pen, présidente du Front National et tête de liste régionale dans le Nord-Pas-de-Calais

Régionales 2015-Dans toutes les élections locales, tous les partis développent des thèmes nationaux. Quels seront ceux du Front National pour les régionales 2015 ?

Marine Le Pen. La maitrise de l’argent public. Avec un principe absolu : l’ensemble des dépenses doivent être faites au bénéfice des habitants des régions et des français. C’est pour nous une priorité nationale qu’il faut appliqué au niveau régional. Autre thème. La défense du patrimoine. C’est à cheval entre le régional et le national. Notamment au travers de la défense de la ruralité. L’aménagement du territoire et la lutte contre la désertification des territoires sont nos priorités. Nous sommes contre la réforme territoriale qui conduit à une « métropolisation » des régions et à un abandon des campagnes. Enfin, la défense de la laïcité au travers du fonctionnement et de l’attribution de subventions aux lycées. Les régions ne peuvent pas subventionner des lycées confessionnels.

Régionales 2015-La question des migrants peut-elle peser sur les régionales de décembre prochain ?

Marine Le Pen. Oui. Bien sur. Les français savent que les régions sont visées par la politique de peuplement de Manuel Valls. Même si ce n’est pas une compétence régionale. On remplace les agriculteurs par des migrants. Les français sont lucides et ils sanctionneront dans les urnes une politique soutenue dans les régions par la gauche.

Régionales 2015-Un sondage vous donne gagnante en Nord-Pas-de-Calais. Qu’est-ce qui explique, selon, de résultat ?

Marine Le Pen. C’est le fruit d’une relation de proximité avec les habitants de la région. Ils me connaissent. Ils me fréquentent et me voient travailler. Mais c’est aussi une région qui concentre toutes les erreurs des gouvernements de droite et de gauche depuis 30 ans. Lanterne rouge en matière de chômage. L’arrivée massive de travailleurs détachés. Une désindustrialisation massive. Le Nord-Pas-de-Calais est au centre de toutes les erreurs commises par le RPR, l’UMP et le PS.

Régionales 2015- Vos objectifs pour la région Midi-Pyrénées/Languedoc-Roussillon et d’abord que pensez-vous de la fusion des deux régions ?

Marine Le Pen. Par principe, nous sommes opposés à la fusion. C’est contraire à l’équilibre des territoires et cela favorise les grands ensembles au détriment des échelons de proximité : les départements et les communes. Nos compatriotes sont historiquement attachés à ces échelons. S’agissant des objectifs, je pense que Louis Aliot à une chance de gagner. Il peut gagner. Je ne dis pas que l’on va gagner. Mais nous avons le potentiel électoral pour gagner. Avec l’Est de Philippot (NDLR : Florian Philippot, conseiller de Marine Le Pen), PACA et la Franche-Comté.

Régionales 2015- Dans les deux régions qui vont fusionner, une partie de la droite a été tentée ou a passé des accords avec le FN lors de précédentes régionales. Cela a été le cas de l’ancien président du Languedoc, Jacques Blanc. Mais aussi en Midi-Pyrénées en 1998. Vous accepteriez de conclure un accord avec la droite ?

Marine Le Pen. Non. Je ne crois pas à un accord. Ceux qui ont des affinités avec le Front National nous rejoignent directement. Ils quittent l’UMP. Nous ne sommes plus dans les années 80-90 ou des alliances pouvaient se nouer. Ceux qui sont d’accords avec nous n’hésitent plus et intègrent nos rangs. Dans les années 80-90, il existait une différence de degré entre le Front National et le RPR. Désormais, c’est une différence de nature. L’UMP sauce libérale a une vision post nationale, favorable à l’Europe et à l’immigration.

Propos recueillis par Laurent Dubois