20 Avr

En attendant Hollande

Le Président François Hollande se rendra mercredi à Carmaux dans le Tarn pour rendre hommage à Jean Jaurès. La figure tutélaire du Socialisme a été assassinée voilà cent ans et les commémorations se multiplient. L’occasion aussi pour le PS de revenir à ses fondamentaux ?

 

Les calendriers sont parfois cruels… Il y a quasiment deux ans jours pour jours, le candidat Hollande faisait campagne en terre carmausine. Il était alors accueilli dans la ferveur par deux mille personnes qui criaient « on va gagner » ou « Hollande Président ». Sur la photo de Jean-Marie Lamboley  pour le quotidien régional, on voit le futur locataire de l’Elysée entourée de figures locales du socialisme.

Que sont mes amis devenus ?

A sa droite Philippe Martin, devenu quelques mois ministre de l’environnement puis remplacé lors du remaniement, à sa gauche Martin Malvy dont on ne sait s’il repartira aux prochaines Régionales, derrière lui Jean-Michel Baylet qui se serait bien vu Ministre mais qui entre temps, a été mis en examen dans une affaire de frais de bouche, et enfin au dernier rang, les surplombant, Jean-Pierre Bel, président du Sénat qui a annoncé son retrait de la vie politique, Kader Arif, un des derniers hollandais pur sucre conservé au gouvernement et Jacques Valax député de la circonscription balayé aux municipales albigeoises.

François Hollande ©SEBASTIEN BOZON / AFP

François Hollande ©SEBASTIEN BOZON / AFP

 

Les soutiens présidentiels d’alors seront certainement à nouveau là ce mercredi, mais ils ont, chacun à leur niveau, éprouvé le fait d’être dans la majorité présidentielle. Une majorité qui a 50 milliards d’économie à trouver et dont le leader s’est depuis déclaré « social-démocrate ». Alors pas sûr évidemment que l’accueil réservé au Président par les carmausins soit exactement le même que lors de la campagne de 2012.

Jaurès pour tous

Plus largement, ils sont nombreux ceux qui commémorent Jaurès, se recommandent de lui ou tout simplement commentent ce que sa pensée est devenue aujourd’hui, et ce même à droite. Bernard Carayon patron de l’UMP tarnais s’apprête même à sortir un ouvrage intitulé : « comment la gauche a kidnappé Jaurès ». Le 16 avril 2012, à la tribune, à Carmaux, François Hollande a ses mots : « En 2007, à Toulouse, Nicolas Sarkozy avait cité 32 fois le nom de Jaurès. Il y a cinq ans, c’était sa référence. Aujourd’hui a-t-il cité une seule fois son nom ? Il ne le pouvait plus. Il y a tant de différences entre ses paroles et ses actes ». A présent, bon nombre d’observateurs seraient tentés de renvoyer aujourd’hui cette citation à son auteur.

Et François Hollande de poursuivre ce même jour d’avril 2012 : « Je me réclame de la synthèse de Jean Jaurès entre l’idéal que nous devons servir et le réel qui est devant nous. » Seulement, est-ce que le réel n’a pas écrasé l’idéal ? En 1914, le fléau c’est la guerre mondiale qui s’annonce. Jaurès s’y oppose avec ferveur, le pacifiste sera assassiné pour ses idées. Aujourd’hui, pas de guerre mondiale à l’horizon mais pour beaucoup le fléau s’appelle « mondialisation » ou « finance ». Cette finance que Hollande avait qualifiée d’ennemie lors du meeting du Bourget.

Le fléau a changé, les temps aussi, et le socialisme forcément.

Patrick Noviello