Selon la police, ils étaient 2000 dans les rues de Toulouse ce samedi pour une manifestation contre l’antisémitisme, l’homophobie et les néo-nazis. A l’origine de cette protestation, des tags qui ont souillé la ville ces derniers jours, comme ils ont souillé l’idée qu’on peut se faire du vivre-ensemble et de la tolérance.Une leçon à retenir (il reste encore des imbéciles pour réaliser ce type de tags), un combat à mener contre les extrémismes de tous bords également et enfin l’envie de prouver qu’un peuple est aussi capable de se soulever pour aller crier dans la rue sa colère face à tout type de discriminations. Pour ce dernier point, c’est raté ! L’exclusion n’a jamais été la solution à l’exclusion.
Or le cortège n’a pas accueilli tout le monde. La présidente du Conseil Représentatif des Institutions Juives de France de Midi-Pyrénées en témoigne : « on vire des juifs d’une manifestation qui s’exprime contre l’antisémitisme.» « Yardeni casse-toi, le Crif fasciste, sionistes, cassez-vous », voilà le type d’insultes auxquelles elle a eu droit. Inacceptable, même si le service d’ordre s’est efforcé de repousser les manifestants agressifs et que les organisateurs ont présenté leurs excuses.
Autre exclusion : celle de l’UMP et de son candidat toulousain Jean-Luc Moudenc qui a essuyé des quolibets. Son parti s’est effectivement majoritairement opposé à la loi sur le mariage pour tous, mais cela n’en fait pas pour autant des homophobes. « En arrivant ici, les organisateurs m’ont dit que je n’avais pas ma place ou alors au fond avec mes amis. C’est un comportement qui est scandaleux, un comportement de haine » a dénoncé le président de l’UMP31.
Cette manifestation était-elle réservée à la gauche ? Non puisque Pierre Cohen, maire socialiste sortant et à nouveau en lice pour les prochaines élections a préféré ne pas défiler, se postant simplement devant le départ du cortège à l’espace des diversités, en signe de soutien. Avait-il senti le coup venir ? Quoi qu’il en soit, Pierre Cohen n’a pas mâché ses mots : « Il faudrait maintenant rassembler toutes les forces républicaines, les forces démocratiques, les forces progressistes pour arriver enfin à faire que les fascistes et les antirépublicains rengainent leur bile.»
Une doléance qui, si on souhaite l’appliquer au pied de la lettre, renvoie les organisateurs de la marche de samedi à leur propre échec. La Ligue des Droits de l’Homme quant à elle expédie ce lundi un communiqué de presse qui sonne comme une incantation : « Contre l’homophobie, le racisme et les idées d’extrême droite : unité d’action ! » Alors à quand une vraie manif pour tous ? A priori la lutte contre les toutes les formes de discriminations devrait pouvoir faire l’unanimité, non ?
Patrick Noviello