Je ne défendrai pas ici la classe politique…. D’ailleurs aujourd’hui qui pourrait le faire ? Elle est inexcusable. Cet édito sera plus un cri de révolte, un coup de gueule ou encore pour moi, qui suis attaché au débat dans la cité, le besoin de mettre quelques points sur quelques « i ».
Doit-on encore revenir à Jérôme Cahuzac dont la vie est irrémédiablement détruite, tant sur le chapitre professionnel, si tant est que la Politique doit être une profession, que sur le plan personnel, comment pourra-t-il encore par exemple se promener un jour de marché à Villeneuve-sur-Lot ? Il est fautif, il l’a dit, trop tard certes, mais il sait désormais que son nom et sa réputation sont à jamais salies.
A travers lui, c’est une fois encore l’ensemble du personnel politique qui est éclaboussé. Plaçons-nous tout d’abord du côté de l’opinion publique. Comment peut-elle accepter qu’un homme mente dans un des lieux les plus symboliques de la République : l’assemblée nationale ? Comment le citoyen frappé de plein fouet par la crise peut-il tolérer encore une fois qu’un homme au salaire de ministre laisse dormir (ou fructifier) 600 000 euros sur un compte. Je ne sais pas vous, mais personnellement, je n’ai jamais eu 600 000 euros et je ne connais pas grand monde qui ait eu un jour cette somme disponible.
Sur le plan plus technique ensuite, comment imaginer qu’au sein de l’appareil socialiste et dans la structure foisonnante des conseillers de Matignon et de l’Elysée, personne n’ait vu arriver le scandale ou mieux n’ait pu agiter un chiffon rouge au moment du choix de Jérôme Cahuzac pour le poste de ministre du budget. Ce compte caché l’était-il tant que cela ? Est-ce que vraiment personne n’était au courant de son existence, y compris chez les amis de l’intéressé ? Dans le meilleur des cas, c’est une erreur de casting qui va entacher durablement le mandat de François Hollande, dans le pire, c’est un excès de confiance ou un sentiment d’impunité effarant qui a prévalu à sa nomination.
Le ministre chargé de la lutte contre la fraude fiscale lui-même fraudeur, qu’y-a-t-il de plus ubuesque ? Comment après un tel fait rétablir la confiance entre l’électeur et l’élu, entre le citoyen et le représentant de l’Etat ? Une fois de plus la pente sera dure à remonter pour les acteurs de notre vie politique, tel Sisyphe poussant sans cesse son rocher vers les sommets et le voyant systématiquement retomber dans la vallée.
Je continuerai malgré tout à vouloir instaurer ce dialogue et ce débat entre les électeurs et ceux qui les représentent, mais aujourd’hui, le rocher semble plus lourd que jamais et la pente un peu plus escarpée qu’à l’habitude.
Patrick Noviello