20 Déc

Procréation Médicalement Assistée : naissance d’une polémique

Photo : marcel Mochet / AFP

Le débat sur le mariage et l’adoption pour les couples homosexuels n’en finit plus de rebondir. Les députés socialistes ont décidé hier de déposer un amendement sur la Procréation Médicalement Assistée. Cette initiative divise au sein même du PS dont 27 députés ne signeront pas cet amendement.

« C’est sur le principe de l’égalité que nous avons décidé de légiférer sur le mariage pour tous. J’y souscris sans réserve. Mais nous rompons ce principe en autorisant la PMA ». C’est ainsi que Monique Iborra commente sans détour cette décision sur son blog. De son côté Gérard Bapt rejoignait dès hier dans cette opposition sa collègue, comme lui, députée de Haute-Garonne. Pour l’ancien maire de Saint-Jean, cet amendement « soulève bien d’autres questions, d’ordre éthique et médical ». « Ce n’est pas une mesure d’égalité puisque les célibataires ou les couples d’hommes ne bénéficieront pas d’un tel droit à l’enfant ».
Catherine Lemorton ne partage pas ce point de vue. Pour elle, « il ne faut pas s’interdire le débat, même s’il s’annonce effectivement difficile dans l’hémicycle. La parentalité ne s’arrête pas à l’adoption ». La présidente de la commission des affaires sociales souhaite « qu’on en finisse avec l’hypocrisie ». « Il n’est plus acceptable qu’on oblige des femmes à aller se faire inséminer en Espagne, aux frontières de notre département, comme si on ne voyait rien ». La députée reconnaît toutefois « ne pas avoir de certitude » et admet, comme le président des députés radicaux de gauche, Roger-Gérard Schwartzenberg, que « cet amendement peut amener un risque d’inconstitutionnalité ».
Voilà en tout cas une division au sein de la gauche qui ne peut que renforcer l’opposition UMP dans sa dénonciation d’une « cacophonie au sein de l’actuelle majorité ». « Dans un contexte où son programme économique est décrié, le gouvernement essaie de détourner l’attention sur des questions de société mais cette tactique ne marche pas » commente Jean-Luc Moudenc. Pour le député UMP de Haute-Garonne, « la question de la Procréation Médicalement Assistée est une question délicate et mérite un débat bien plus approfondie à l’image de ce que le Professeur Sicard a fait sur la fin de vie ».
L’ancien maire de Toulouse explique que « la PMA ne concerne pas que les personnes de même sexe et mériterait d’être traitée par une loi sur la bioéthique ». Gérard Bapt n’est pas loin d’aller dans le même sens : « cet amendement qui concerne le code de la santé publique, c’est très troublant. Le texte sur le mariage homosexuel n’a pas été fait dans cette optique. On va instrumentaliser la médecine pour le droit à l’enfant et qui plus est, sans qu’il y ait eu de vrai débat ».
A défaut du « vrai débat » attendu par certains, la discussion sur le mariage homosexuel devrait avoir lieu le 29 janvier prochain à l’assemblée nationale.