26 Nov

Un nouveau Larzac ?

JEAN-SEBASTIEN EVRARD / AFP

Notre-Dame-Des-Landes est-il un nouveau Larzac ? Beaucoup se délectent à le dire. Je ne partage pas cet avis.

« Nous sommes déterminés à gagner ce nouveau Larzac » claironnent Marie-Pierre Rouger, vice-présidente du conseil régional de Bretagne et Pascal Dallé, coprésident de Bretagne écologie. Un aéroport n’est pas un camp militaire et cessons de mélanger les époques. Point de parisiens débarquant en Loire-Atlantique pour élever des chèvres, le bocage n’est pas les Causses.
« En 1970 c’étaient les hippies et les antimilitaristes. Aujourd’hui ce sont plutôt les écologistes et les indignés » reconnaît même Michel Tarin, un des leaders de la contestation. L’homme formé à la jeunesse Agricole Chrétienne a milité dans les comités Larzac où il a fait la connaissance d’un certain José Bové. Bové qui lui aussi souligne « la légitimité de ceux qui veulent défendre les paysans et un autre projet de développement ». Mais là aussi la comparaison ne va pas plus loin selon moi.
Alors évidemment que le combat nantais ranime des souvenirs sur les Causses. « Le premier lien c’est que dans les deux cas, on veut prendre de la terre aux paysans. A l’époque du Larzac, les bretons avaient été parmi les premiers à venir nous soutenir en organisant une marche de 800 kilomètres de Nantes jusqu’ici » se souvient Christian Rouqueirol. Le paysan aveyronnais poursuit : « le deuxième lien c’est que ce projet nous semble inutile ». Inutile certes mais pour ses opposants.
Quid de l’explosion du trafic aérien nantais ? Que faire des « 4,5 millions d’heures de travail sur cinq » calculées par les collectivités locales et les « 800 emplois directs crées dans l’enceinte aéroportuaire » rétorquent les pro-aéroports. Enfin, les collectivités locales mettent en avant les 540 hectares qui se libèreraient dans l’agglomération bretonne après le déménagement aéroportuaire, de quoi envisager plus sereinement le logement des 15000 nouveaux arrivants annuels.
Politiquement enfin, les comparaisons sont encore moins probantes. Le député Delmas de Millau dans les années 70, pro-camps militaire du Larzac et de droite n’est en rien premier ministre à l’époque du combat des Causses et Michel Debré n’a pas exactement le même profil que Jean-Marc Ayrault. Après ces mises en perspectives volontairement scabreuses, je veux poser une question : la lutte de Notre-dame-des-Landes  serait-elle aussi médiatisée si le maire de Nantes n’était pas le patron de Matignon ?
Ecologistes et partisans d’une autre gauche, ne trouvent-ils pas là un magnifique terreau de contestation social, une vitrine de ce qu’ils veulent dénoncer dans la politique de l’actuelle majorité ?

Patrick Noviello