Qui aurait pu y croire une seconde ? 50/50. Pas moi en tout cas, je l’avoue. Philippe Calleja, lui, n’est pas surpris. Le leader de l’UMP en Ariège le dit sans détour : « Du terrain, je m’attendais à un score aussi serré. J’ai organisé un débat sur mon département et à la sortie, les militants étaient vraiment partagés ». Et le maire de Saverdun de préciser que « les journalistes n’ont rien vu venir parce que leurs sondages étaient basés sur les sympathisants et non les militants ».
A l’UDI, Jean-Jacques Bolzan ne partage pas la même analyse. Pour lui, ce scrutin n’a pas « arrangé l’image de la classe politique en général » et in fine, « les militants UMP n’ont pas été respectés » n’hésite pas à dire le coordinateur de l’UDI 31. Voilà aujourd’hui l’un des deux plus grands partis politiques français scindé en deux : d’un côté les Copéistes, de l’autre les Fillonistes. Les premiers ont gagné mais à quel prix ? Et que vont faire les seconds ? Aider, participer malgré tout, ou fuir vers d’autres cieux (UDI, FN…) ?
« Les coups de fil commencent à pleuvoir » se réjouit Serge Laroze. « J’ai des amis à l’UMP et ils sont aujourd’hui déçus. Nous, au FN, on a su élire notre chef » se félicite le secrétaire départemental du FN en Haute-Garonne. « C’est Copé qui l’a emporté. On va récupérer certains modérés, au moins en tant que sympathisants, même s’ils ne prennent pas leurs cartes » assure Jean-Jacques Bolzan. « De mon côté, je n’ai entendu aucun militant me dire qu’il allait partir » tempère Philippe Calleja.
En Midi-Pyrénées Jean-François Copé arrive largement en tête sauf en Tarn-et-Garonne et en Ariège. Dans le premier département Brigitte Barèges avait appelé à voter Fillon, elle a apparemment été suivie par les militants. Mais la situation est-elle plus simple pour l’UMP dans notre région qu’ailleurs en France ? « L’illusion d’un parti unique qui tentait de rassembler la droite décomplexée, la droite modérée et le centre droit a vécu » assène Jean IGLESIS, coordinateur départemental de l’Union des Démocrates et Indépendants en Haute-Garonne (UDI 31). Philippe Calleja n’est pas d’accord sur ce point : « ce scrutin a au contraire prouvé que le parti n’était pas monolithique, à la fois de droite et du centre. Il y a eu de la passion, c’est légitime. Mais on reste tous un seul et même parti. Le PS s’est bien remis de son congrès de Reims, non ? ».
Quid des répercussions sur les futures élections locales ? « Cette élection à l’UMP a démontré qu’il était temps que la société civile prenne la place des hommes politiques qui n’ont que des ambitions personnelles. C’est dans ce sens que nous sommes déjà sur le projet Municipales Toulouse 2014 » avance Jean-Jacques Bolzan. Au FN, dans l’optique d’une entrée dans les conseils municipaux des petites communes, on compte plus sur des accords locaux. «La direction nationale de l’UMP ne reconnaîtra jamais d’accord avec nous, mais ça se fera avec la base, on peut s’entendre » est persuadé Serge Laroze. D’ici là, difficile de savoir comment l’UMP va se remettre en ordre de bataille. En tout cas, le parti devra le faire rapidement sous peine de perdre encore un plus de sa crédibilité.
Patrick Noviello