Chers internautes et téléspectateurs, une opération du dos qu’on peut qualifier de « bénigne » va me tenir éloigné de vous durant un mois. L’occasion, à l’heure où notre politique de santé, est à nouveau au centre du débat d’idées, de vous faire partager à travers quelques chroniques l’expérience de mon parcours de soin. Du médecin généraliste, au praticien d’une clinique privé, de mon (court) séjour dans cette dernière au travail des infirmières libérales. Là encore il ne s’agit pas d’une enquête exhaustive mais plutôt de tranches de vie et de portraits d’acteurs de notre société, des acteurs ô combien importants puisqu’ils sont les garants de notre santé. Alors justement, à notre santé !
Partie II : changement d’échelle
La clinique où j’ai rendez-vous est l’une des plus grosses de l’agglomération toulousaine. Dès qu’on arrive sur son parking, chacun peut s’en rendre compte. En permanence, des voitures entrent et sortent, des ambulances déposent ou récupèrent des patients, des gens vont et viennent dans les allées, dossiers médicaux ou radios à la main, des fenêtres à perte de vue laissent entrevoir des plafonds de chambres blafardes. Le panorama n’est a priori pas très engageant, surtout quand on sait qu’on peut être amené à y séjourner.
Une fois trouvé le bon bâtiment et le secrétariat du spécialiste à consulter, là encore, la salle d’attente vous assomme par sa dimension et le nombre de personnes qui y patientent. Quand on n’a pas mis les pieds dans un établissement hospitalier depuis longtemps, on a du mal à imaginer qu’autant d’individus y passent chaque jour. Les trois spécialistes appellent leurs patients à tour de rôle, le mien arrive au bout d’une bonne demi-heure d’attente. Qu’est-ce que trente minutes pour un praticien qui commence ses journées à 7h30 et les finit autour de 21 heures ?
L’accueil est plutôt froid, chirurgical, normal quoi… Arrive le questionnaire classique que je ne vais pas cesser de remplir tout au long de mon parcours. Avez-vous déjà eu des problèmes cardiologiques ? Du diabète ? Du cholestérol ? Vous fumez ? Pas plus ? Sûr ? Apparemment mon dossier médical a fondu dans la fusion des deux établissements, le docteur se souvient vaguement m’avoir déjà opéré de la même pathologie, onze ans en arrière. Ne lui en tenons pas grief, vu le nombre de patients dont il a la charge. Il m’invite à procéder à la consultation proprement dite.
Le diagnostic est sans appel. Il va falloir remettre ça.
– Il y a beaucoup de récidives, lui demandai-je.
– 3 à 6%, répond-t-il sans détour
Pas de chance…
– Si vous avez d’autres questions, n’hésitez pas, me relance-t-il. Je suis là pour y répondre.
Je ne sais pas vous mais moi, dans ces cas-là, j’ai toujours peur de paraître niais et d’en poser trop. Tant pis, je me lâche et le bombarde de mes interrogations pendant environ cinq minutes : durée de l’hospitalisation, de l’opération, de mon futur arrêt de travail, date de reprise du sport, de la conduite automobile et surtout nouveau taux de risque de récidive.
– Le même !
Super…
Quoi qu’il en soit, j’ai obtenu des réponses à toutes mes interrogations. J’ai sans aucun doute affaire à un professionnel aguerri, me voilà donc entre de bonnes mains. Le vrai moment de solitude, c’est juste après, quand vous ressortez du cabinet. En règle générale, vous êtes rassuré sur le plan médical et bien guidé de ce point de vue, mais le côté administratif de la chose qui vous laisse démuni. Dans les jours qui viennent, il me faudra rappeler le secrétariat, caler une date d’intervention. Ensuite, je devrais appeler l’assistante des anesthésistes pour prendre un rendez-vous préopératoire.
– A la sortie de rendez-vous, surtout n’oubliez pas votre préadmission que vous devrez effectuer au secrétariat général, me prévient-on également.
Je n’ai jamais voulu croire que deux emplois sur trois étaient administratifs dans les établissements médicaux, je vais avoir la preuve qu’on n’est certainement pas très loin du compte.