13 Sep

A notre santé (Partie I)


Chers internautes et téléspectateurs, une opération du dos qu’on peut qualifier de « bénigne » va me tenir éloigné de vous durant un mois. L’occasion, à l’heure où notre politique de santé, est à nouveau au centre du débat d’idées, de vous faire partager à travers quelques chroniques l’expérience de mon parcours de soin. Du médecin généraliste, au praticien d’une clinique privée, de mon (court) séjour dans cette dernière au travail des infirmières libérales, là encore il ne s’agit pas d’une enquête exhaustive mais plutôt de tranches de vie et de portraits d’acteurs de notre société, des acteurs ô combien importants puisqu’ils sont les garants de notre santé. Alors justement, à notre santé !

Partie I : « Le bon docteur S. »
C’est ainsi que sa femme l’a appelé une fois devant moi, affectueusement, pour le taquiner, mais aussi pour mettre en exergue son dévouement à ses patients. Il est mon généraliste depuis bientôt vingt ans. D’autant que je me souvienne, parmi les gens qu’il m’ait été donné de rencontrer dans ma vie, il est l’une des personnes que je respecte le plus. Il exerce dans un quartier du sud de Toulouse, au rez-de-chaussée de sa maison : derrière son cabinet, son salon, derrière sa salle d’attente, sa cuisine.
Sans comparaison aucune avec une quelconque idéologie religieuse,  la situation peut faire penser à celle d’un presbytère et sa vocation pourrait s’assimiler à un sacerdoce. Visites le matin, consultations en début d’après-midi, suivies à nouveau de visites et d’autres consultations, voilà son rythme de travail de tôt le matin à tard le soir, du lundi matin au samedi midi, quand il ne se rend pas la nuit ou le dimanche au chevet d’un patient suivi dans le cadre d’un protocole de soins palliatifs.
On s’était perdu de vue lorsque j’avais quitté la ville rose pour travailler ailleurs en France et à l’étranger. La première fois que je suis revenu le consulter, après qu’il a appris que j’avais des enfants, il s’est permis une rare mais précieuse incursion dans la vie privée de son patient en me disant : « Surtout ne fais pas comme moi, essaie de voir grandir tes gamins ». Voilà ce qu’est aujourd’hui la vie de certains médecins généralistes qui envisagent leur métier comme un investissement plein et entier. Comme lui, ils sont encore quelques-uns, en ville comme dans nos campagnes, à tout donner pour ceux qu’ils soignent, rassurent, et parfois même accompagnent jusqu’à la fin.
C’est donc vers lui que je me penche en cette fin juin lorsqu’une vilaine petite douleur me tiraille au niveau du dos. Sans être alarmiste, mais toujours empreint d’humilité, il décide de m’orienter vers un de ses confrères, spécialiste, le même qui m’avait opéré d’une pathologie similaire, onze ans plus tôt. L’homme exerce toujours sur Toulouse, mais, signe des temps, la petite clinique dans laquelle il était installé sur les bords de Garonne n’est plus. Elle a fusionné ou  a été rachetée par une plus grosse, et à la place, un promoteur a construit des appartements de luxe.
Je quitte là mon généraliste. Fin de la première étape de mon parcours de santé.