Il fait chaud, très chaud à la fédération du PS 31, rue Lejeune. L’heure approche et les gens se massent, élus, simples badauds, beaucoup de militants de toujours et de nombreux jeunes aussi. Bientôt 20h, les journalistes sont installés sur l’estrade, derrière eux l’écran géant sur lequel la soirée électorale de France 2 est retransmise. Au premier rang, dans la salle, Martin Malvy entouré de Sébastien Denard, Nicole Belloubet-Frier ou encore Christophe Borgel.
Comme le veut la tradition, le visage du nouveau président, François Hollande, apparaît à l’écran et une clameur lourde et assourdissante résonne sur les briques de la fédé. Certains pleurent, d’autres hurlent leur joie. « Ce n’était quand même pas le même suspens qu’en 1981 » tempère rapidement Gérard Bapt. « Nous pensons déjà au travail que nous allons devoir accomplir » poursuit le député de Haute-Garonne.
Jean-Jacques Mirassou, est, lui, plus ému. Les yeux encore rougis, il explique que « c’est bien qu’il y ait des jeunes ce soir, l’avenir du parti est assuré. » Mais le sénateur toulousain rajoute « qu’il pense aussi aux anciens militants qui, comme lui, ont connu des défaites successives, et voient aujourd’hui le retour de la gauche au pouvoir ». « Allez Martin, au goulot !» lance un photographe au président du conseil régional. Après quelques lampées de mousseux et Champagne, la salle se vide, et un cortège s’ébranle vers le Capitole.
Déjà sur place, Pierre Cohen prend un bain de foule, entouré de quelques uns de ses adjoints. Pas très loin, Pierre Izard, le président du département enchaîne coups de fil sur coups de fil. Les premières tentatives d’escalades de la mairie débutent sous l’œil de Jean-Pierre Havrin, adjoint à la sécurité, que Nicolas Sarkozy « avait viré » de la Direction Départementale de la Sécurité Publique.
Les klaxons résonnent partout dans le centre-ville. Ils retentissent un peu plus fort, près de la permanence de l’UMP. Et les forces de l’ordre ne s’y sont pas trompées, qui ont disposé des cars de gendarmes mobiles, avenue Gabriel Péri. A l’intérieur du bâtiment, Jean-Luc Moudenc, fait et refait sa déclaration officielle au fil des arrivées successives de journalistes : « On a à rougir de rien. Évidemment qu’on a fait des erreurs, Nicolas Sarkozy l’a reconnu lui-même. Mais ce n’est pas le temps de l’inventaire. Il viendra plus tard, après les Législatives ».
Et le Président départemental de l’UMP de voir plus loin : « Après le 17 juin, il y a la reconquête des territoires : communes, régions, cantons. Le score honorable de notre candidat ce soir nous donne toute légitimité ». Un de ses adversaires aux Législatives est au balcon du Capitole (qu’il avait lui aussi en d’autres temps brigué). François Simon, désormais Europe-Ecologie parle « d’un devoir de réussite collective pour les mois et les années qui viennent ».
Ce soir, c’est la fête mais chacun a bien compris la gravité de la situation du pays : « il y a moins d’espoirs qu’en 1981 » confie une sympathisante socialiste qui s’attarde place du Capitole. Pourtant même pour quelques heures encore, tous ceux qui fêtent cette victoire veulent y croire. Des voitures tournoient encore place Wilson. Demain matin, il faudra aller refaire le plein. Dur retour à la réalité…
Patrick Noviello