Une chose que n’auront pas à envier les socialistes au meeting de Jean-Luc Mélenchon, c’est l’ambiance estivale qui règne sur la place du Capitole en cette fin de journée d’un « joli mois de mai », comme dira un peu plus tard Jean-Pierre Bel. Autre avantage que s’est octroyé le PS et le maire Pierre Cohen sur le Front de gauche, c’est un écran géant au pied des Allées Jean Jaurès. L’affluence est là, entre 30.000 et 40.000 personnes, beaucoup de bobos mais pas seulement. Axel Bauer n’aura jamais eu un auditoire aussi nombreux mais il sait bien que la star est en coulisse.
Celui que l’on attend, c’est le maire qui l’accueille en premier : « François, tu es ici chez toi en terre jaurésienne ». Pierre Cohen appelle de ses vœux ce président normal, qui ne stigmatise pas, « surtout après les crimes odieux que nous avons connus ici ». « Face au candidat au doigt pointé, il faut faire le choix du candidat à la main tendue », assène-t-il.
Au pied de la tribune, ils sont venus, ils sont tous là : tous les caciques du parti mais aussi d’autres figures de proue de la gauche. Tous sauf « Jean-Luc », comme le nommera plus tard François Hollande. Ils sont venus, ils sont tous là mais restent bien sagement dans leur espace réservé. La seule qui s’offrira un bain de foule avant le début des discours, c’est Ségolène Royal. La candidate défaite en 2007 révèle ainsi, quoi qu’on en dise, qu’aucun socialiste n’aura épargné ses efforts durant cette campagne.
Un autre ancien battu va donner de sa personne ce soir, c’est Lionel Jospin. L’ancien premier ministre et conseiller général de Cintegabelle, est attendu par la foule, on le sent. Avant cela, c’est Jean-Pierre Bel qui harangue la place à présent remplie, « un enfant de la cité Empalot aujourd’hui président du Sénat », comme il se définit lui-même. « Je sens ce soir encore souffler le vent de l’espoir (…).Après un bel automne, je vous promets un joli mois de mai ».
Retour du chauffeur de salle, « le régional de l’étape » comme il dit. Avec Aurélie Filipetti, c’est Kader Arif qui fait office de chef d’orchestre du meeting. Le député européen est visiblement ému, avant d’accueillir « celui qui fut son maitre et qui est aujourd’hui son ami » : Lionel Jospin.
Quand l’ancien Premier ministre commence à égrainer ses souvenirs de meeting du second tour à Toulouse, certains se demandent comment il va évoquer le sien et forcément sa défaite. Virage bien négocié, qu’il conclut en déclarant que « la gauche a su garder ses forces intactes ». Il salue aussi cette union que François Hollande a su réaliser autour de lui, un rassemblement que lui n’avait pas réussi à concrétiser.
Aux alentours de 19 heures, François Hollande fait enfin son entrée sur scène. « Avant même de savoir si je serai le candidat, je savais que je ferais mon dernier meeting à Toulouse. Toulouse parce c’est la ville rose reconquise par Pierre Cohen. Toulouse parce c’est une ville qui a souffert, marquée par AZF et par ces meurtres commis dans une école juive. Ce soir, je dois m’incliner devant les familles des victimes de cette école et de Montauban ».
Le député de Corrèze salue le bilan de Jospin et enchaîne : « Si nous l’emportons le 6 mai, je veux que ça efface le 21 avril 2002 ». Le candidat socialiste va alors répondre point par point aux arguments nationaux mis en avant par Nicolas Sarkozy lors de son meeting toulousain de dimanche. « Nous refusons de mettre l’immigration au cœur de cette campagne (…). Nous aussi nous aimons la France ».
Et puis là encore pour contrer son adversaire, Hollande veut rassurer : « On nous dit que si nous arrivons au pouvoir ce sera le chaos, or chaque fois que la gauche est venue aux responsabilités du pays, elle l’a redressé ». Et de conclure : « Je n’ai rien promis que je ne pourrais tenir ». Les premiers spectateurs commencent à quitter la place du Capitole. Un policier leur précise : « Vous savez que si vous sortez, vous ne pourrez plus revenir ». Une consigne à laquelle la gauche n’a jamais cru en pensant à l’Elysée.
04 Mai