29 Sep

Ovation et chuchotements

Rue de Vaugirard. Mardi 27 septembre. Des applaudissements résonnent. Ils retentissent entre les murs du Sénat. Les élus socialistes acclament Jean-Pierre Bel. Le sénateur de l’Ariège est plébiscité. Il est LE candidat du PS au « plateau ».
Derrière les ovations, des chuchotements. On susurre le nom des Brutus. Trois au quatre « traitres » sont soupçonnés. Un doute, une crainte parcourt les esprits. Vont-ils poignarder l’élection de Jean-Pierre Bel ?
Le Sénat a basculé. Les vainqueurs sont surpris. Les vaincus aussi. Les sénatoriales 2011 devaient accoucher d’un « marais ». La Gauche obtient une « plage ». Une majorité absolue.
Cette victoire en appelle une autre. Après l’Hémicycle, c’est au tour du fauteuil présidentiel. C’est logique, normal. Et pourtant. Au Luxembourg, la discipline de vote a une ennemie : l’amitié intéressée.
Des sénateurs Hauts-Garonnais redoutent ces « débauchages ». Jean-Jacques Mirassou et Bertrand Auban font les comptes. Trois voix – une est liée à la défection de Gérard Longuet – garantissent une majorité à Jean-Pierre Bel. Trois défections, trois lâchages et adieu la présidence du Sénat.
Le « plateau » est au bout d’une ligne de crête. Etroite et friable.
En fait, le chemin est plus large.
Des votes blancs ou nuls vont élargir l’horizon de Jean-Pierre Bel. Sans parler des « maladies » diplomatiques et des absences délibérées. La Droite va subir samedi prochain une épidémie ignorée par la faculté de Médecine : le sénat buissonnier.
Des vengeances personnelles déblayent aussi le terrain. Christian Poncelet ne volera jamais au secours de Gérard Larcher.
Mais surtout les « traitrises » – de Gauche – sont improbables. Les coups de couteaux dans le dos nécessitent de la pénombre. Or la scène sénatoriale est inondée de lumière. Tous les projecteurs sont braqués sur l’élection du 1er Octobre. Et, d’une manière générale, une trahison laisse des traces : une nomination providentielle, des subventions généreuses, des dettes épongées…
En fait, la meilleure garantie est fournie par…l’Elysée.
Les fins de règne attirent les vautours.
Rarement les ambitieux ou les courtisans.