Elle est l’une des rares députées sortantes socialistes de Midi-Pyrénées à être retournée à l’Assemblée Nationale cette semaine. Valérie Rabault, députée socialiste du Tarn et Garonne et ancienne rapporteure du budget revient pour nous sur cette folle semaine au Palais Bourbon.
Le Blog politique : Revenons tout d’abord sur votre candidature à la Présidence de la Commission des Finances où vous avez échoué ce jeudi. Pourquoi cette candidature ?
Valérie Rabault :Ma démarche reposait sur l’article 39 qui stipule que la présidence de cette commission doit revenir à un membre de l’opposition. Il n’y pas de règlement écrit mais la Vème République a toujours tenu à respecter l’opposition, par son temps de parole et sa représentativité.
Or certaines candidatures étaient plus vicieuses que d’autres à l’image du groupe des « constructifs » qui sur sa déclaration explique pourtant être « dans l’opposition ». Peut-on être « constructifs » et « dans l’opposition » face au gouvernement et à Emmanuel Macron ?
LBP : Mais ce vote était-il biaisé dès le départ ?
V.R : Je ne dirai pas ça… Tout est parti du désordre sans nom au moment de l’élection du poste de questeur hier soir. Au lieu d’élire un Républicain, l’Assemblée a choisi un « constructif », en l’occurrence Thierry Solère. Initialement Les Députés La République En Marche devait participer à cette élection pour la Commission des finances mais suite au pataquès d’hier soir, ils y ont renoncé. En 2012, la majorité (NDR : Socialiste) avait tenu à participer au vote.
Certains ont bien su exploiter les failles »
LBP : Et ça a donc donné le résultat qu’on connaît : l’élection comme président de la Commission des Finances du Républicains « non-constructif » Eric Woerth. Comment avez-vous vécu cette première semaine ?
V.R : Franchement ? J’ai eu l’impression d’être dans un bateau ivre sans commandant à bord. Nous sommes pour l’instant assis par ordre alphabétique et non par groupes politiques. Hier soir, mes voisins, nouveaux députés LREM étaient pour la plupart inquiets et ne comprenaient pas ce qui se passait pendant la suspension de séance de plus de deux heures. Ce n’est peut-être que le début, et il faut leur laisser le temps. Mais hier soir, tout a dérivé. Et puis certains ont bien su exploiter les failles comme Jean-Luc Mélenchon. Il a été malin. D’autres chefs de groupes expérimentés comme Christian Jacob (LR) sont aussi capables de s’emparer de ces moments de flottement. Quand Claude Bartolone était au perchoir, il avait cette capacité à percevoir quand il fallait s’arrêter ou suspendre. Hier, je le répète, ça a dérivé.
Il faudra maintenant voir comment vont être abordés les dossiers de fond. Mélenchon veut s’imposer comme le seul opposant à Macron, mais ce n’est pas le cas. C’est aussi pour ça que j’ai tenu à me présenter à la Commission des Finances.
On peut encore faire bouger les lignes »
LBP : Dans ces conditions et dans l’opposition, quels sont justement vos objectifs sur cette mandature qui débute ?
V.R : Tout d’abord les volets de fond comme l’augmentation de la CSG. Je pense que sur ce dossier on peut encore faire bouger les lignes. Il y a 55000 retraités en Tarn et Garonne.
Ensuite, il y a les dossiers locaux comme la Ligne Grande Vitesse Toulouse-Paris. Je suis affligée par l’annulation de la déclaration d’utilité publique. Il est indispensable qu’en juillet-août des personnes sérieuses refassent une étude sur l’impact économique de cette ligne. Et puis la SNCF bloque également. Elle devait rendre ses études relatives au projet en janvier pour que nous puissions affiner le coût de la réalisation. Nous les attendons toujours. J’ai écrit à Guillaume Pepy pour le lui dire. Il faut maintenant que le gouvernement s’empare de ce dossier. Nous ne pouvons pas ne pas avancer sur ce projet et laisser pendant que les autres villes et métropoles déjà desservies par le TGV prospèrent.
Propos recueillis par Patrick Noviello (@patnoviello)