Le dernier député socialiste de la Haute-Garonne a perdu son siège. C’est à cause d’une commune qui a mal géré les opérations électorales. La municipalité épinglée a-t-elle commis une erreur exceptionnelle ou est-elle « abonnée » aux dérapages ? Enquête.
La commune de Gensac-de-Boulogne est à l’origine d’un véritable séisme politique. Le conseil constitutionnel a annulé l’élection du seul député PS de la Haute-Garonne. Cette annulation repose essentiellement sur un procès-verbal non transmis par un village de 117 habitants. Le maire de la commune minimise l’affaire.
Une erreur administrative pour le maire
Dans un communiqué de presse, le maire de Gensac-de-Boulogne met en cause la Préfecture et une absence de « contrôle précis » de la part des services préfectoraux. Mais il plaide surtout pour une erreur :
Une erreur a été commise comme il en arrive malheureusement de temps en temps. J’en assume la totale responsabilité en tant que maire.
Daniel Labarthé récuse tout idée de « triche » et résume l’affaire à « une erreur de transmission de document ». Pour le 1er magistrat de la commune, il s’agit donc d’une simple mésaventure. Il regrette d’ailleurs que le concurrent du député invalidé et auteur du recours en annulation, Michel Montassarat, « profite d’une erreur administrative pour faire organiser une nouvelle élection ».
En résumé, pour le maire de Gensac-de-Boulogne, la décision du conseil constitutionnel est un regrettable incident et il s’en excuse auprès des électeurs. Néanmoins, selon nos informations, le bureau de vote de Gensac-de-Boulogne a de drôles de pratiques. Un témoin évoque, notamment, un « bourrage » d’urne au moment des élections départementales.
Un « bourrage » d’urnes selon un témoignage
Dans le Comminges, les opérations électorales prennent parfois une tournure « folklorique ». Lors de la présidentielle de 2012, dans un petit village, un président de bureau de vote a pris sous le bras une urne et a fait le dépouillement à domicile, avant d’envoyer les résultats à la préfecture. S’agissant de Gensac-de-Boulogne, la préfecture ne mentionne pas d’incidents ou de signalements. Contactés par France 3 Occitanie, les services préfectoraux indiquent :
Depuis 2013 au moins, pas d’irrégularités signalées dans la commune de Gensac lors d’élection locales ou nationales
Un témoin, proche de la municipalité, dessine un autre tableau. Il évoque un « bourrage » d’urne lors d’une élection départementale. Le témoin souhaite évidemment conserver l’anonymat. Mais il est très précis sur les faits et affirme avoir assisté personnellement à l’opération. Une opération qui s’est déroulée entre midi et quatorze heures. Selon ce témoignage, l’urne a été ouverte, des bulletins ont été extraits et remplacés par plusieurs dizaines de bulletins préparés à l’avance et tous favorables à un même candidat.
Pour assurer la tranquillité et la discrétion de la fraude, des guetteurs étaient postés devant la porte de la mairie.
Un autre témoignage va dans le même sens. Un élu du Comminges, candidat à une élection locale, affirme que plusieurs électeurs (une 15aine) de Gensac-sur-Boulogne ont déclaré avoir voté pour lui. Mais, bizarrement, les voix en question ne figurent pas dans le résultat final et le dépouillement du scrutin. Evidemment, le second témoignage est moins capital que le premier. Un électeur peut prétendre voter pour un candidat et changer d’avis dans l’isoloir ou même faire le contraire de ce qu’il déclare. Néanmoins, cela montre que le climat dans la petite commune de Gensac-de-Boulogne est moins paisible qu’il n’y parait.
Sollicité par France 3 Occitanie, la mairie de Gensac-de-Boulogne n’a pas souhaité s’exprimer sur les témoignages rapportés ci-dessus.
Laurent Dubois (@laurentdub)