Les référents territoriaux de LREM sont installés depuis deux mois. Mais ils sont déjà évalués et certains peuvent « sauter ». C’est le cas en Haute-Garonne où Pierre Casteras au centre d’une contestation par les animateurs locaux du mouvement.
Les responsables territoriaux du parti d’Emmanuel Macron ont été nommés en juillet dernier. Ces nominations font l’objet d’une évaluation nationale. Tous les départements sont concernés. Les animateurs locaux doivent jauger et juger l’activité des référents et faire remonter deux noms à Paris. Un questionnaire est mis à disposition. Il suffit, aux animateurs locaux, de cliquer sur le lien mis en place par le mouvement du Président de la République.
Le process a débuté le 6 septembre et sera clôturé le 20 septembre. En Haute-Garonne, cette évaluation rend certains dubitatifs. Un animateur local écrit à ses camarades :
Le siège relance la procédure sans explication alors que le même siège a installé des référents, il y a 2 mois. Voilà bien une valse hésitation qui ne va pas faciliter le fonctionnement du mouvement. Certes on va parler de démocratie quoique le dernier mot reviendra au siège
Un autre cadre du mouvement relativise l’impact et l’importance des responsables départementaux. Tout en soulignant, l’enjeu politique des nominations :
Les militants ne savent rien du Référent et s’en moquent pour la plupart. Par contre nous en connaissons l’importance, il y a mille choses à faire pour organiser et consolider les bases d’un mouvement qui est TRES fragile de mon point de vue… C’est un mouvement qui n’a ni histoire ni légitimité historique. Tout est à faire et il nous faut des bons
Un « évaluateur » plaide pour la stabilité et il s’interroge sur l’opportunité de changer le Référent en place, Pierre Casteras :
Changer de référent apporterait, selon moi, de la confusion
En revanche, plusieurs animateurs de la Haute-Garonne souhaitent le départ de leur actuel responsable départemental :
Si Casteras est confirmé, je décroche, c’est certain. Je n’ai pas de temps à perdre avec ces gens. Il ne fera rien de plus que ce qu’il a toujours fait : du vent !
Un autre cadre du mouvement est encore plus « cash » :
Il suffit de laisser traîner ses grandes oreilles dans Toulouse et de jauger deux minutes la personne (ndlr : Pierre Casteras) pour savoir que nous allons au casse pipe !
Avant de rallier LREM, Pierre Casteras a été un élu socialiste et il a géré un satellite du Conseil Régional de l’ex-Midi-Pyrénées, la Confédération Pyrénéenne du Tourisme. Cette dernière expérience s’est soldée par la quasi-faillite de la structure et a laissé des traces dans la mémoire locale. Des traces qui, visiblement, sont également présentes chez les animateurs locaux. Pour un cadre du mouvement, ce n’est pas le passé de Pierre Casteras qui pose problème. C’est plutôt le présent et son bilan :
Si vous trouvez Casteras formidable confirmez le mais pour le moment il a fait une seule réunion et à part faire le beau devant les caméras je n’ai strictement rien vu. Son comité a disparu dans les oubliettes. Il était délégué politique de circo et il n’a jamais mis les pieds dans un bureau de vote et quand on parle avec des gens sérieux ou qui font de la politique, tout le monde rigole de savoir que c’est le boss d’En Marche à Toulouse.
Ces opinions négatives ne vont pas forcément scellé le sort de Pierre Casteras. Les animateurs de la Haute-Garonne ont bien compris et intègrent les règles du jeu : « dans le processus engagé par le siège, il n’est pas question d’élection mais de permettre là ou c’est nécessaire d’ajuster le tir ». Les voix hostiles à Pierre Casteras ne sont pas des « suffrages ». Paris va désigner, pour les très prochaines années, le référent de la Haute-Garonne et, dans la balance, les animateurs locaux ont un poids relatif.
C’est la procédure centralisée qui veut cela. Mais il existe également une raison locale : Pierre Casteras est présenté comme l’éminence grise du nouveau député et ancien référent, Michaël Nogal. Il peut compter sur la force de lobbying de son prédécesseur.
Laurent Dubois (@laurentdub)