La maire de Montauban affirme avoir eu accès aux (fameuses) fiches S sur sa ville. Cette consultation aurait été organisée par le préfet du Tarn-et-Garonne. La députée Valérie Rabault demande des explications et rappelle que les maires n’ont pas accès aux fiches S.
C’est une phrase prononcée sur le plateau du magazine Dimanche En Politique, consacré à la lutte antiterroriste. Dimanche 19 mars, Brigitte Barèges a déclaré :
A Montauban, j’ai la chance d’avoir un préfet qui m’a permis d’avoir accès aux fichès S.
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Dimanche en politique – Occitanie
Ces quelques mots ont suscité une réaction (immédiate) de la députée Valérie Rabault. La parlementaire a écrit au préfet du Tarn-et-Garonne pour demander des explications. Valérie Rabault commence son courrier par un rappel :
Le premier ministre, Bernard Cazeneuve a rappelé que notre droit « interdit à la communication » ces fiches S à d’autres personnes que celles listées à l’article 5 du décret du 28 mai 2010.
Les maires ne figurent pas dans le décret évoqué par Valérie Rabault. C’est d’ailleurs un point de friction entre certains élus locaux et le ministère de l’Intérieur. Des maires demandent un accès aux fiches S. C’est le cas, par exemple, du maire de Lavaur (81) Bernard Carayon. Mais, à l’heure actuelle, l’accès à ces documents est restreint. Ces restrictions ne s’appliquent pas uniquement aux élus. Les fonctionnaires de police et les gendarmes n’ont pas tous accès au fichier S.
Un fichier qui bénéficie d’une soudaine « publicité » et dont la consultation est devenue un enjeu symbolique. Dans les faits, les fichés S ne sont pas nécessairement des islamistes et tous les « radicalisés » ne sont pas fichés.
Valérie Rabault ne revient pas sur le côté artificiel du débat autour du fichier S. La parlementaire se contente d’insister sur la bizarrerie d’une mise à disposition, par la préfecture du Tarn-et-Garonne, de fiches S. La députée demande si (en violation des textes) le préfet a donné accès aux documents classifiés. Valérie Rabault est étonné du silence du représentant de l’Etat :
Si vous ne confirmez pas les affirmations publiques (sur une chaîne de télévision) de Madame le Maire de Montauban, vous me voyez étonnée qu’aucun démenti n’ait été diffusé à ce jour. Je vous serais reconnaissante de bien vouloir publier, dans les plus brefs délais, un démenti officiel et public, afin que les dispositions de notre Etat de droit puissent être affirmées et respectées sur tout notre territoire.
Contactée par France 3 Occitanie, la préfecture du Tarn-et-Garonne ne confirme pas les propos de Brigitte Barèges. Les autorités préfectorales se contentent de préciser que des fichés S ont été évoqués dans le cadre d’une réunion entre les services de l’Etat et les collectivités. L’objet de la réunion était la lutte contre la radicalisation.
Laurent Dubois (@laurentdub)