Suite à la mort de Jacques Chirac, Emmanuel Macron a annulé sa venue à Rodez pour prendre la parole sur les retraites. Malgré l’absence du chef de l’Etat, le débat a été maintenu avant d’être supprimé. Une suppression décidée non par l’Elysée mais imposée par le co-organisateur de l’événement, le groupe de presse de Jean-Michel Baylet ?
Ce jeudi, dans la matinée, le maire de Rodez reçoit un appel du directeur de cabinet d’Emmanuel Macron. L’Elysée informe Christian Teyssèdre que le chef de l’Etat annule son déplacement dans la préfecture de l’Aveyron. La mort de Jacques Chirac retient Emmanuel Macron à Paris. Le président de la République doit se rendre au domicile de son prédécesseur. Une allocation télévisée est également prévue en début de soirée.
Le débat maintenu… puis annulé !
Ce bouleversement de l’agenda conduit à une annulation de la visite à Rodez. Dans un premier temps, le débat est maintenu. Emmanuel Macron est remplacé par son haut commissaire en charge des Retraites, Jean-Paul Delevoye. L’information circule dans les rédactions et elle est diffusée sur les réseaux sociaux par des membres de la majorité.
A Rodez, devant la salle des Fêtes qui doit accueillir l’événement, des participants (venus de Toulouse, de l’Hérault ou de l’Aveyron) disposent de la même information et attendent l’ouverture des portes.
Mais, vers 15 heures, la salle est vidée. Un membre du staff de l’Elysée, présent sur les lieux, fournit une explication : l’annulation vient d’une demande du co-organisateur du débat.
Un sms, envoyé par les services de l’Elysée, reprend et confirme le déroulé des événements. C’est bien le groupe de presse de Jean-Michel Baylet qui a pris l’initiative de supprimer le débat avec Jean-¨Paul Delevoye.
Le groupe La Dépêche co-organisateur
Le groupe La Dépêche du Midi, présidé par l’ancien ministre radical Jean-Michel Baylet, avait été choisi pour co-organiser le débat avec les services de l’Etat : captation vidéo, relais sur internet, recrutement des 500 invités-débatteurs parmi les abonnés des journaux du groupe, modération du débat par le rédacteur en chef de Midi Libre…
En l’absence du chef de l’Etat, l’événement perdait évidemment de son importance. De plus, rapidement après l’annulation de la venue d’Emmanuel Macron, plusieurs rédactions nationales ont décidé de rester sur Paris ou de rejoindre la Corrèze, terre d’élection et de prédilection de Jacques Chirac.
Dans ce contexte, le débat risquait de passer inaperçu ou pire de paraître incongru alors que la mort d’un ex-président occupait toutes les ondes.
Bref, le groupe de presse de Jean-Michel Baylet avait de (bonnes) raisons de tirer le rideau.
Mais, s’agissant de l’enchaînement des faits, le constat s’impose : c’est bien le co-organisateur qui a annulé le débat et l’Elysée n’a fait que suivre le mouvement.
Laurent Dubois (@laurentdub)