Elle devait être son « arme de dissuasion massive », elle lui a finalement explosé au visage. La nationalisation prônée par Arnaud Montebourg ces derniers jours est-elle un fantasme ou une vraie réponse aux licenciements en France comme en Midi-Pyrénées ?
Faisant référence aux fourneaux de Florange, le ministre du redressement productif a déclaré « la nationalisation est une proposition qui aura une vie plus longue que cet épisode ». Jean-Marc Ayrault, lui, est plus ambigu. Le premier ministre confie dans les colonnes du Journal du Dimanche : « La nationalisation est une solution facile. Je ne dis pas que l’Etat ne peut pas, je n’ai pas de dogme, je ne veux pas mentir, et ne veux pas dire que j’ai la formule magique. Je ne veux pas jouer avec les gens, je ne ferai jamais ça c’est une question de respect ».
Jean-Luc Moudenc député UMP de Haute-Garonne n’est « pas contre une nationalisation temporaire » mais « il faut qu’elle s’inscrive dans un cadre politique précis. Dans le cas de Florange, on a assisté à une véritable cacophonie entre un ministre, son premier-ministre et le président ». Autre député de Haute-Garonne mais PS, Christophe Borgel a signé avec une centaine d’autres parlementaires un texte de soutien à Montebourg. Pour lui, François Hollande a fixé les grandes lignes en la matière. Christophe Borgel croit en l’outil nationalisation temporaire « mais pas dans tous les cas sinon ça n’aurait aucun sens économique, seulement lorsqu’il y s’agit d’entreprises stratégiques ». Reste à définir lesquelles…
A l’époque de la fermeture de Molex, les syndicats de l’entreprise avaient eux aussi évoqué une possible nationalisation « car on travaillait avec PSA à l’époque » se rappelle Denis Parise. L’ancien secrétaire du CE partage la colère des salariés de Florange : « Ils n’ont plus confiance en leur patron. Imaginez si on nous avait demandé de retravailler avec le nôtre chez Molex ! ». Mais l’actuel conseiller régional comprend aussi l’attitude du gouvernement : « Il y a 6 ou 7 ans, ils l’auraient fait. Mais aujourd’hui il y a des plans sociaux tous les jours. S’ils avaient dit oui pour Arcellor Mittal, ils n’arrêteraient plus d’être sollicités. »
Seulement « nationaliser », d’autres comme Didier Zerbib, n’y croient pas une seconde. Le délégué CGT de Freescale Toulouse n’y voit qu’un « effet d’annonce » de la part d’Arnaud Montebourg. « Nous en tout cas, ce n’est pas une demande qu’on a faite. Il vaudrait mieux une loi pour interdire les licenciements dans les entreprises qui font des bénéfices ». Didier Zerbib explique avoir été pendant des mois en contact avec le cabinet d’Arnaud Montebourg qui, selon lui, « n’a pas eu les tripes d’aller jusqu’au bout » pour sauver le site toulousain. « Il y avait un repreneur. Il suffisait de boucler un business-plan. L’Etat a mis 50 millions pour sauver 50 emplois chez Molex. Et c’était un gouvernement de droite. Nous, il y avait 300 emplois à sauver et ils n’ont rien mis » conclut-il, dépité.
Patrick Noviello